Bloom Box, l'énigmatique pile à combustible, chez vous dans dix ans ?


Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
Elle a été choisie par eBay, Fedex et Google. L'entreprise qui l'a créée, Bloom Energy, vient d'en montrer un modèle réduit, plus petit qu'un carton à chaussures. Alimentée avec du méthane ou un carburant quelconque, elle pourrait fournir l'électricité d'une maison. Mais dans une dizaine d'années seulement et, d'ailleurs, personne ne sait vraiment comment elle fonctionne. Réponse ce soir !
Le reportage du magazine 60 Minutes de CBS fait un tabac sur le Web et, depuis, le buzz s'amplifie. On y voit K. R. Sridhar présenter à la journaliste sa désormais célèbre Bloom Box, un cube noir d'une quinzaine de centimètres de côté. L'homme est le patron de Bloom Energy, une entreprise de la Silicon Valley qui existe depuis huit ans mais se paie le luxe de ne révéler à peu près rien de ses activités. Son site Web se réduit à une page et, jusqu'à aujourd'hui (24 février), montre un compte à rebours se terminant ce soir, à peu près à 19 h, en heure française.
La Bloom Box est une pile à combustible. Si on suit les explications de K. R. Sridhar données au magazine de CBS, l'élément de base est une plaque de céramique (« faite à partir de sable »), de quelques millimètres d'épaisseur, recouverte sur les deux faces par une couche d'un enduit coloré, vert d'un côté et noire de l'autre, dont la composition est secrète.
Des plaques en train d'être empilées pour former l'unité de base de la Bloom Box. Les plaques sont séparées les unes des autres par un joint métallique. Un empilement de ces éléments forme l'unité de base d'une Bloom Box. Alimentée par un carburant quelconque capable de fournir de l'hydrogène sur l'une des faces de chaque plaque (côté vert) et par de l'oxygène (côté noir), elle produit de l'électricité et de l'eau. Il s'agit donc d'une pile à combustible, plus précisément à électrolyte solide (SOFC, solid oxide fuel cell). Par rapport aux piles déjà existantes, la fabrication serait peu coûteuse, le rendement excellent et la production fiable dans le temps.
Un mystère entretenu
Les chiffres manquent cruellement pour se faire une idée des performances et donc de l'intérêt de l'engin. K. R. Sridhar affirme qu'une plaque à trois couches produit « suffisamment d'électricité pour alimenter une ampoule électrique » et que l'unité de base d'une Bloom Box (le cube noir) contenant 64 plaques serait capable de fournir l'énergie à un bar-restaurant (un « coffe shop »).
Intox ou innovation ? K. R. Sridhar n'est pas un inconnu ni un inventeur farfelu. Son projet s'appuie sur une étude qu'il a lui-même conduite pour la Nasa pour mettre au point un appareil capable de produire de l'oxygène aux astronautes d'une mission longue et de l'hydrogène destiné à leurs véhicules d'exploration, par exemple sur Mars. Après l'abandon de ce programme, Sridhar a compris que son système pouvait fort bien fonctionner dans l'autre sens pour devenir une pile à combustible.
K. R. Sridhar montre l'intérieur d'une Bloom Box, du type de celles installées chez eBay et Google. Derrière sa main droite, la cuve dans laquelle se trouvent les unités de base et où circule le carburant.
La jeune entreprise a su convaincre plusieurs investisseurs, qui ont injecté 400 millions de dollars. L'un d'eux, John Doerr, du cabinet de capital risque Kleiner Perkins, est célèbre pour avoir aider à la création d'Amazon, de Google et de Netscape. La Bloom Box existe déjà, en grand modèle, et peut s'obtenir moyennant 700.000 à 800.000 dollars (520.000 à 600.000 euros environ). L'engin est volumineux et l'intérieur doit être chauffé à mille degrés. Rien n'est dit sur le coût final de l'électricité obtenu. Mais Google et eBay s'en sont déjà équipés. Le second affirme que ses cinq installations, connectées il y a neuf mois, lui ont déjà fait économiser 100.000 dollars d'électricité.
K. R. Sridhar le promet : dans cinq à dix ans, une petite Bloom Box ne coûtera que 3.000 dollars (environ 2.200 euros). Une fois branchée à l'alimentation de la maison, adieu les factures EDF... Il ne reste plus qu'à voir vraiment la machine à l'œuvre et à en consulter les spécifications techniques complètes.

Nota : pour les curieux de nature, lire aussi l'excellent n° 74 de la revue Nexus (Mai-Juin 2011) 

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