Des anciens combattants US renvoient leurs médailles à l’OTAN



Dans l’ombre du Sommet de l’Otan à Chicago, sous le regard de la police antiémeute, des dizaines d’anciens combattants des guerres d’Irak et d’Afghanistan ont jeté leurs médailles et présenté leurs excuses.
« Je n’ai qu’un mot pour qualifier cette guerre globale au terrorisme, la honte. »
« J’étais censé libérer des gens, mais j’ai libéré des champs de pétrole. »
« Aucune médaille, aucun ruban, aucun drapeau ne peut masquer la somme de souffrance humaine causée par cette guerre. »
« Je fais cela pour le peuple d’Irak et d’Afghanistan. »
« Surtout, je suis désolé. Je suis désolé pour vous tous. Désolé…. »
« L’armée est en crise, les soldats souffrent de traumatismes sexuels, de stress post-traumatiques, de traumatismes cérébraux, et ils ne reçoivent pas même les traitements qu’ils méritent et dont ils ont besoin. »
Les manifestants affirment que les guerres en Irak et en Afghanistan sont basées sur des mensonges et des politiques vouées à l’échec. Ces guerres ont couté des centaines de millier de vies et des milliards de dollars qui auraient pu, selon ces anciens combattants, être consacrés au financement d’écoles, de cliniques et de programmes sociaux aux États-unis.

LOI SUR LES GAZ DE SCHISTE: VOLTE-FACE DU GOUVERNEMENT



LE 10 MAI 2011  - Origine OWNI

Députés, amendements, commission... Afin de comprendre le débat parlementaire sur la proposition de loi contre l'exploitation des hydrocarbures de schiste, OWNIschiste vous livre un décryptage de la situation et des textes.
Déposée le 31 mars 2011 par le président du groupe UMP, la proposition de loi visant à abroger les permis de recherche et d’exploitation des hydrocarbures de schiste sera débattue mardi 10 et mercredi 11 mai. Depuis le début des travaux parlementaires, le texte a été fracturé comme un puits de gaz de Pennsylvanie… pour, au final, une législation des hydrocarbures non conventionnels sans grand rapport avec l’intention de départ.

Passage en commission… et à la moulinette !

D’un coup de serpe, les députés de la commission développement durable ont d’abord rayé le terme « non conventionnel » du texte. Une décision qui va plutôt dans le sens des opposants puisqu’elle élargit à tous les hydrocarbures (et non seulement à ceux extraits des couches de schiste) l’interdiction d’utiliser la méthode de fracturation hydraulique, vorace en eau et cause d’énormes dégâts environnementaux et sanitaires aux Etats-Unis.
En revanche, dès le deuxième article, le texte se ramollit : plus d’abrogation pure et simple des permis, alors que c’était l’esprit même de la loi ! Au lieu de ça, les rapporteurs demandent aux entreprises détentrices des fameux permis un rapport détaillant les techniques qu’elles utiliseront. En clair, une promesse qu’elles n’utiliseront, jamais au grand jamais, la fracturation hydraulique. Seule véritable garantie exigée par la commission : les entreprises devront fournir le document sous deux mois, délai au delà duquel elles se feront retirer d’office leur permis.
Pour la suite, les rapporteurs sortent la dynamite : l’article 3 prévoyant l’obligation d’une enquête publique est tout simplement supprimé ! Là, c’est la promesse de le ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet qui vole en éclat. Elle qui, après une prise de conscience tardive du risque écologique des hydrocarbures de schiste, promettait à tous les citoyens inquiets concertations et expertises publiques. L’argument pour faire sauter l’article 3 a été présenté en commission par le rapporteur socialiste Jean-Paul Chanteguet :
Nous souhaitons enfin supprimer l’article 3, modifiant le code de l’environnement, qui soumettait les procédures d’attribution des concessions de mines et des permis exclusifs de recherches à débat public, enquête publique et étude d’impact. C’est en effet une réforme globale et complète du code minier qu’il faut engager.
Ce qui nous ferait donc deux réformes du code minier en quelques années puisque, comme le relève lui-même le député, la dernière refonte de ce texte date de… janvier 2011 ! Pour mémoire, l’ancien code datait de 1956. Mais, ajoute-t-il :
Il conviendrait d’attendre la remise du rapport de la mission conjointe du CGIET et du CGEDD et de celui de la mission d’information conduite par François-Michel Gonnot et Philippe Martin. Toutefois, nous attendons du Gouvernement qu’il s’engage à inscrire, à l’ordre du jour de Parlement, dans un délai raisonnable, un projet ou une proposition de loi modernisant le code minier.
Curieux discours : la réforme faite par le gouvernement ne va pas assez loin… mais il faut attendre qu’il s’y remette ! Le texte ne doit pas mentionner les gaz et huiles de schiste… mais hors de question de réformer le code minier sans avoir le rapport sur les hydrocarbures non conventionnels !

L’argument financier: satisfait ou remboursé?

Elément important à prendre en compte: en cas d’abrogation des permis, l’Etat aurait à rembourser les frais engagés par les exploitants pour leurs recherches. Pour les petits permis, comme le permis de Nant, l’engagement financier de Schuepbach Energy ne s’élève qu’à 1,7 millions… mais pour les plus gros projets, comme les permis de Montélimar ou Villeneuve de Berg, l’addition dépasse largement les 35 millions d’euros.
A titre d’exemple, si l’Etat devait solder l’intégralité des dépenses engagées aux trois permis de gaz de schiste accordés en mars 2010 dans le Sud, la facture s’élèverait à près de 80 millions d’euros. Un calcul indicatif, tous les frais n’ayant pas déjà été engagés, mais qui donne une idée des arbitrages économiques sous-jacents aux décisions politiques sur ce dossier.

Les amendements : dépouiller le texte… ou l’étendre aux autres risques

Comme nous l’avions révélé vendredi 6 mai au moment de la clôture du dépôt d’amendement, c’est moins dans le texte lui-même que dans les modifications proposées par les élus que se nichent les réécritures permettant de vider ou de renforcer cette loi. Sur les 32 textes enregistrés avant le « gong » de 17 heures, OWNI s’en était déjà procuré neuf, paraphés parClaude Gatignol, député UMP de La Haguequi se réjouissait dans le mail envoyé à quelques parlementaires UMP appelés à l’aide, de la suppression de l’article 3, si contraignant pour les exploitants d’hydrocarbures. Mais il n’est pas le seul à se soucier de la liberté d’action des pétroliers et gaziers.
Quatre grandes tendances se détachent :
1. Les socialistes sont pour la plupart favorable à une réaffirmation de l’esprit de la proposition de loi au départ : abrogation des permis et conformité à la Charte de l’environnement. Des idées accompagnées d’une extension de l’interdiction aux exploitations off shore, notamment portée par Christiane Taubira, député de Guyane.
2. Une poignée de député UMP (menée par Claude Gatignol) pousse au démantèlement de la loipar une réduction de son champs d’application et, surtout, une limitation de la durée de suspension des permis et le retrait des garanties exigées par la commission sur les techniques de forage utilisées. Parmi eux, Gérard Gaudron (UMP, Seine-Saint-Denis) a déposé trois textes en propre, appuyant notamment le recours à ces techniques sur les avancées technologiques et l’expertise scientifique.
3. Les écologistes (élus Europe écologie, Les Verts ainsi que la député Parti de gauche, Martine Billard) tentent quant à eux d’utiliser ce texte à des fins extensives: interdiction de l’exploitation off-shore sur le territoire nationale ou par des entreprises françaises, modification du code minier dans le sens d’une plus grande concertation démocratique, etc. Une tentative de « doper » le texte qui pourrait constituer une des faiblesses de leurs propositions, certaines portant sur le dernier code minier, modifié par ordonnance, pas encore validé par parlementaires…
4. Enfin les « anti-gaz de schiste canal historique »Pierre Morel-à-l’Huissier et Pascal Terrasse, respectivement député UMP de Lozère et élu PS en Ardèche, répercutent dans leurs amendements les échos parvenus du terrain, exigeant notamment une plus grande transparence démocratique et un meilleur accès aux documents administratifs donnant lieu à l’octroi de permis. Reste à savoir si ces idées d’ouverture trouveront échos chez leurs collègues…
La partie risque donc d’être serrée: pour la journée du 10 mai, l’Assemblée nationale joue la bataille droite-gauche à guichets fermés ! A la fermeture des bureaux du Palais Bourbon, les bulletins de présences pour cette séance avaient tous été pris, « comme au bon vieux temps de la Hadopi », s’amuse un collaborateur parlementaire. Reste à savoir si le scrutin réservera autant de surprise.
Si vous souhaitez avoir les amendements détaillés, rendez-vous sur OWNISchiste
Photos : FlickR CC : Julie Kertesz ; Sylvain Lapoix pour OWNI /-) ; SkyTruth ; vphill.

UNE RÉPONSE DE GILAD ATZMON À DOMINIQUE VIDAL (2/2)



La politique identitaire juive 

et la censure par l’insulte


Comme il l’avait annoncé, l’auteur et musicien 
d’origine israélienne Gilad Atzmon revient vers l
l’intellectuel sioniste « pro-palestinien » Dominique 
Vidal-Sephiha pour préciser le propos de son dernier 
ouvrage, la Parabole d’Ester. Opposant aux insultes 
de celui-ci des arguments logiques et dépassionnés, 
Atzmon démontre que la crispation communautariste 
consistant en une lecture systématiquement biaisée 
de la réalité peut-être surmontée au prix d’un certain 
courage et d’un minimum d’honnêteté intellectuelle.
RÉSEAU VOLTAIRE | LONDRES (ROYAUME-UNI) 

UNE RÉPONSE DE GILAD ATZMON À DOMINIQUE VIDAL (1/2)






La politique identitaire juive

 et la censure par l’insulte


Dans un texte s’attaquant au livre La Parabole d’Esther
l’intellectuel sioniste Dominique Vidal-Sephiha a accompli 
l’exploit d’atteindre le « point Godwin » dès ses premiers mots : 
en comparant dans le titre de son article Gilad Atzmon à un 
adepte des Protocoles des sages de Sion, il tente de calomnier 
celui-ci en l’assimilant à un antisémite doublé d’un théoricien 
du complot. Répugnant à développer le moindre argument, 
le spécialiste des relations internationales et tautologue se 
contente de qualifier les écrits du jazz-man de « diarrhée 
nauséabonde ». Dans sa réponse, Atzmon déplore la 
pauvreté de cette argumentation de la part de celui qui 
fut pourtant rédacteur au quotidien catholique français l
a Croix ainsi qu’au Monde Diplomatique, et essaie 
d’expliquer plus simplement sa position afin d’être compris de tous.

RÉSEAU VOLTAIRE | LONDRES (ROYAUME-UNI) 


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Dans le premier chapitre de La Parabole d’Esther, je précise d’emblée que, en ce qui concerne la perception de soi, ceux qui s’appellent eux-mêmes juifs peuvent être répartis entre trois grandes catégories :
1. ceux qui suivent les préceptes du judaïsme ;
2. ceux qui se considèrent comme des êtres humains dont il se trouve qu’ils sont d’origine juive ;
3. ceux qui placent leur judéité au-dessus de tous les autres traits de leur personnalité.
Dans mon livre, je m’intéresse uniquement à cette 3ème catégorie, ceux qui se définissent d’abord et avant tout comme juifs. J’insiste également sur le fait que les deux premières catégories correspondent à un groupe de personnes inoffensives et innocentes, d’un point de vue politique ou éthique. L’ouvrage traite de la politique identitaire juive. Je m’efforce de définir ce en quoi précisément consiste cette politique, et quelle est son idéologie sous-jacente. En effet, puisqu’Israël se définit lui-même comme « l’État juif », et que ses tanks arborent des symboles juifs, il me semble que nous devons pouvoir être en mesure de nous demander ce que cela signifie : c’est-à-dire concrètement, qu’est-ce que le judaïsme et qu’est-ce que la judéité ?
Les sionistes, de manière évidente, appartiennent à cette 3ème catégorie. Politiquement, ils s’identifient avant tout comme juifs. Mais, il est intéressant de souligner que certains juifs antisionistes qui agissent sous la bannière politique de l’antisionisme dans des associations ouvertes « seulement aux juifs » font partie de cette 3e catégorie. En fait, ils se comportent politiquement comme des sionistes de gauche ou des antisionistes sionistes.
J’ai appris cette semaine que Dominique Vidal [1] s’est scandalisé [2] de mon travail critique sur la politique identitaire juive [3]. Je me demande s’il pense que la politique identitaire juive est au-dessus de toute critique ? Ou s’il est convaincu que les juifs sont, d’une certaine manière, parfaits ? Que l’Histoire et l’héritage juifs doivent tout simplement être exclus du débat intellectuel ? Ou bien encore qu’ils sont réellement le Peuple Élu ? Je me pose, et je lui pose, ces questions.
De toute évidence, dès que l’on aborde la question de la politique identitaire juive, certaines personnes, tout comme lui, s’avèrent imperméables à la raison et opposées à la plus élémentaire liberté d’expression. Il met même sa réputation en danger, en essayant ainsi de faire taire un débat d’idées, ce à quoi on ne s’attendrait pas de la part d’un ancien rédacteur en chef adjoint du prestigieux Le Monde diplomatique.
En fait, le livre La Parabole d’Esther, qui a fait réagir si violemment M. Vidal, est soutenu par les plus grands humanistes de notre temps, et les intellectuels les plus respectés de notre mouvement.
Et pourtant, mis à part quelques noms d’oiseaux (pour rester poli), Vidal ne parvient pas à présenter le moindre élément critique, ni un seul argument raisonné, contre le livre. Il ne cherche même pas à prouver que j’ai tort, ni à établir en quoi je me trompe. Pour l’instant, tout ce qu’il a pu produire est une longue liste d’extraits soigneusement sélectionnés de mon livre, (et donc dépouillés de leur contexte explicatif plus général), qu’il semble trouver particulièrement insupportables.
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De gauche à droite : Paul A. Shapiro (directeur des études du Mémorial), Ingeborg Sephiha, le professeur Haïm-Vidal Sephiha, Sara Bloomfield (directrice du Mémorial) et Dominique Vidal-Sephiha, lors d’une cérémonie de donation à l’United States Holocaust Memorial Museum.
© United States Holocaust Memorial Museum 2009
Dans un esprit de concision, voici certaines de celles qui bouleversent tant M. Dominique Vidal :
- « Dès lors qu’Israël se définit comme l’“État juif”, nous sommes parfaitement en droit de nous interroger sur la signification réelle des notions de judaïsme, judéité, culture et idéologie juives. » (La Parabole d’Esther, page 29) ;
- « Manifestement, nous n’avons pas affaire seulement à Israël et aux Israéliens. En réalité, nous sommes en conflit avec une philosophie pragmatique extrêmement déterminée qui génère et promeut des conflits internationaux d’ampleur gigantesque » (page 30) ;
- « En raison de la nature raciste, expansionniste et judéo-centrique de l’État juif, le juif de la Diaspora se trouve intrinsèquement associé à une idéologie intégriste et ethnocentrique, ainsi qu’à une interminable liste de crimes contre l’Humanité. » (page 92) ;
- « Les antisionistes d’origine juive (cette catégorie peut englober des gens haineux d’eux-mêmes et fiers de l’être, comme moi) sont là pour donner une image de pluralisme idéologique et de souci de l’éthique. » (page 118) ;
- « Le débat entre les sionistes et les soi-disant “juifs antisionistes” n’a strictement aucun impact sur Israël ni sur la lutte contre la politique israélienne. Il a pour seule fin de maintenir le débat “au sein de la famille”, tout en semant davantage de confusion chez les Goyim. Cela permet aux militants juifs ethniques prétendument “progressistes” d’affirmer que “tous les juifs ne sont pas sionistes”. Cet argument de peu de poids a pourtant réussi à faire voler en éclats toute critique du lobbying juif ethnocentrique qui a pu être exprimée au cours des quatre décennies passées. » (page 157) ;
- « Si Shlomo Sand est dans le vrai (…), si les juifs ne sont pas une race et s’ils n’ont rien voir avec le sémitisme, alors l’“antisémitisme” est formellement un mot vide de sens. Autrement dit, la critique du nationalisme, du lobbying et du pouvoir juifs ne peut être considérée comme autre chose qu’une critique légitime d’un idéologie, d’une politique et d’une praxis. » (page 212) ;
- « La religion de l’Holocauste était déjà bien établie très longtemps avant la Solution finale (1942), bien avant la Nuit de Cristal (1938), les Lois de Nuremberg (1936) et même avant la naissance d’Hitler (1889). La religion de l’Holocauste est sans doute aussi ancienne que les juifs le sont eux-mêmes. » (page 221) ;
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La parabole d’Esther : Anatomie du Peuple Élu
Editions Demi Lune
Traduction française de l’ouvrage de Gilad Atzmon « The Wondering Who ? » est disponible dans la boutique en ligne du Réseau Voltaire.
- « Tant dans Exodeque dans le Livre d’Esther, l’auteur du texte réussit à prédire le genre d’accusations qui allaient être jetées contre les juifs pour les siècles à venir, telle que la recherche du pouvoir, le tribalisme et la tricherie. De manière choquante, le texte d’Exode fait penser à une prophétie de l’Holocauste nazi (…) Pourtant, aussi bien dans Exode que dans leLivre d’Esther, au final, ce sont les juifs qui tuent. » (page 228) ;
- « Il m’a fallu des années pour comprendre que mon arrière grand-mère n’avait pas été transformée en “savonnette” ou en “abat-jour” contrairement à ce qu’on m’enseignait en Israël. Elle a sans doute péri d’épuisement ou du typhus, ou peut-être a-t-elle été victime d’un mitraillage collectif (au cours de ce qu’on appelle la Shoah par balles). C’était assurément triste et tragique, mais cela n’est pas très différent du sort qu’ont connu des millions d’Ukrainiens qui ont eu à apprendre le sens réel du mot communisme. Le sort de mon arrière grand-mère n’a pas été très différent de celui de centaines de milliers de civils allemands tués dans un bombardement aveugle cyniquement orchestré, pour l’unique raison qu’ils étaient allemands. » (page 248) ;
- « Soixante-six ans après ans après la libération du camp d’Auschwitz, nous devrions pouvoir poser la question du “pourquoi”. Pourquoi les juifs étaient-ils haïs ? [4Pourquoi les peuples européens se sont-ils levés pour faire la guerre à leurs voisins ? Pourquoi les juifs sont-ils haïs au Moyen-Orient, où ils avaient sûrement une chance d’ouvrir une nouvelle page de leur histoire ? S’ils avaient envisagé de le faire, comme le clamaient les pionniers du sionisme, pourquoi ont-ils échoué ? Pourquoi l’Amérique a-t-elle durci ses lois d’immigration au plus fort du danger pour les juifs européens ? Nous devons aussi nous demander à quoi servent, au juste, les lois sanctionnant le négationnisme de l’Holocauste ? Qu’entend cacher la religion de l’Holocauste ? [5Tant que nous ne nous poserons pas de questions, nous serons assujettis aux sionistes et à leurs complots. Nous continuerons à tuer au nom de la souffrance juive. » (page 249) ;
- Et les dernières lignes de l’épilogue du livre sont les suivantes : « Je ne saurais laisser passer l’opportunité qui m’est ici offerte de remercier du fond du cœur ma demi-douzaine de détracteurs juifs marxistes qui m’ont harcelé, moi et ma carrière musicale, nuit et jour, des années durant, et sans lesquels je n’aurais jamais pris toute la mesure de la profondeur de la férocité tribale. Ce sont ces activistes juifs soi-disant “antisionistes” qui m’ont appris infiniment plus de choses que n’importe quel sioniste enragé au sujet de la véritable signification pratique – ô combien dévastatrice – de la politique identitaire juive. » (page 268).
Je saisis l’opportunité qui m’est ici donnée de souligner que je ne me réjouis nullement des polémiques stériles, ou des procès d’intention auxquels je commence à être habitué depuis 10 ans. Je préfèrerais m’engager dans un débat contradictoire portant sur le cœur même de mon livre. Je regrette donc que M. Vidal n’ait pas donné suite à ma proposition de débattre sereinement, et de manière dépassionnée, avec lui. Mais je reste convaincu que cela est possible en France…
Je reviendrai dans un prochain article sur les extraits ci-dessus pour en expliciter mieux le contenu, car ces citations doivent bien évidemment être resituées dans leur contexte original.
(À suivre…)

Documents joints

[1] « Les fantassins français de Salam Fayyad », par Pierre-Yves Salingue, Réseau Voltaire, 31 août 2010.
[2] « Les protocoles de Gilad Atzmon », par Dominique Vidal, La Feuille de Chou, 5 avril 2012.
[3] Pourtant, comme l’explique clairement Jean Bricmont, (lui aussi violemment pris à parti par Vidal), dans sa préface (page 18) : « Il est très facile de « démontrer » le prétendu antisémitisme d’Atzmon : celui-ci distingue fréquemment, y compris au début de son livre, trois sens du mot “juif” : les gens d’origine juive, avec lesquelles il n’a aucune querelle, les personnes de religion juive, avec lesquelles il n’a également aucune querelle et ceux qu’il appelle de la troisième catégorie, c’est-à-dire ceux qui, sans être particulièrement religieux, mettent constamment en avant leur "identité" juive et la font passer avant et au-dessus de leur simple appartenance au genre humain. Il suffit alors d’interpréter selon la première définition (les gens d’origine juive) le mot “juif” chez Atzmon, lorsqu’il est utilisé dans le troisième sens, dans un discours dont le style est souvent extrêmement polémique, pour "faire ainsi la preuve" de son soi-disant antisémitisme. »
[4] Ici, M. Vidal oublie une note de l’auteur qui est pourtant signifiante ; la voici :
« Loin de moi l’idée de laisser entendre qu’ils méritaient la haine qu’on leur portait à l’époque ; il n’est pas question de blâmer les victimes. Par ailleurs, les juifs ne sont pas les seules victimes de ce conflit. »
[5] Pour finir, et parce que M. Vidal termine son propre texte de manière ignominieuse par une allusion au principal organe de propagande nazie, nous indiquons ici deux notes de l’auteur qui indique clairement – si besoin était – que M. Atzmon n’est pas un négationniste, comme voudrait le faire accroire ses adversaires, mais qu’il s’élève simplement contre les lois mémorielles, au nom de la liberté d’expression :
« Il ne s’agit pas ici de mettre en doute la criminalité des politiques nazies, mais simplement de souligner la nécessité de dépouiller l’Holocauste de sa primauté judéo-centrée. Au lieu de continuer à servir d’argument politique et de paravent (voire de prétexte) pour justifier les invasions et les guerres, la Shoah doit devenir une leçon historique portant un message humaniste et universel. » (Note de l’auteur : page 248)
et :
« En raison de leur endoctrinement (dans la religion de l’Holocauste), les jeunes générations de juifs ont développé une forme unique de mentalité de victime collective, indépendamment de leur histoire familiale réelle. En Israël par exemple, il y a un large débat sur les symptômes de la 3e et 4e génération des fils et des filles de l’Holocauste. En fait, la façon dont l’Holocauste est enseignée, ajoutée à l’endoctrinement religieux, fait que beaucoup de jeunes Israéliens sont traumatisés par un événement qui peut n’avoir aucun lien direct avec l’histoire personnelle spécifique de leurs ancêtres… » (Note de l’auteur : pages 262-3)

Mais pour être honnête voici le texte à l'origine de la discorde :



 Les protocoles de Gilad Atzmon

par Dominique Vidal-Séphiha
 LES PROTOCOLES DE GILAD ATZMON
Plusieurs « amis » sur Facebook, dont Brahim Senouci, m’ont demandé pourquoi je m’interrogeais sur la vigilance nécessaire à l’égard de tout dérapage antisémite ou islamophobe. Côté islamophobe, les exemples ne manquent pas. Mais il en existe aussi côté antisémite. Voici des extraits du dernier « livre » de Gilad Atzmon, qui n’appellent pas de commentaire – sauf que cet auteur a été défendu par le site Info-Palestine…
Les protocoles de Gilad Atzmon
Intellectuel israélien exilé à Londres, Gilad Atzmon est connu pour ses écrits « borderline ». Mais, avec La parabole d’Esther (1), il dépasse toutes les bornes. Sous titré Anatomie du peuple élu, réflexion sur la politique juive contemporaine, ce « livre » se présente comme un florilège de tous les poncifs de l’antijudaïsme le plus vulgaire, salué par le site de Silvia Cattori (2) et défendu par celui d’Info-Palestine (3).
Quelques citations, parmi tant d’autres, suffisent à s’en convaincre :
- « Si l’argumentaire colonial a été populaire durant un certain temps, c’est non seulement parce qu’il exonérait les juifs (en tant que peuple) des crimes perpétrés par Israël, mais aussi parce qu’il comportait une promesse : tôt ou tard, l’“État colon israélien” grandirait, sortirait de son cauchemar colonial, et la paix pourrait éventuellement l’emporter » (page 28);
- « Dès lors qu’Israël se définit comme l’“État juif”, nous sommes parfaitement en droit de nous interroger sur la signification réelle des notions de judaïsme, judéité, culture et idéologie juives » (page 29);
- « J’ai franchi certaines lignes jaunes en toute conscience. J’examine philosophiquement les aspects tribaux inhérents au discours juif séculier tant sioniste qu’antisioniste » (page 29);
- « Le nationalisme juif est un état d’esprit, et une mentalité n’a pas de frontières clairement tracées. En fait, personne ne sait où, exactement, finit la judéité et où commence le sionisme, et vice-versa » (page 30);
- « Manifestement, nous n’avons pas affaire seulement à Israël et aux Israéliens. En réalité, nous sommes en conflit avec une philosophie pragmatique extrêmement déterminée qui génère et promeut des conflits internationaux d’ampleur gigantesque » (page 30);
- « Il s’agit en réalité d’une guerre contre une mentalité regrettable qui a pris l’Occident en otage et l’a, tout au moins momentanément, détourné de ses inclinations humanistes et de ses aspirations athéniennes » (page 31);
- « J’ai compris qu’Israël et le sionisme n’étaient que des sous-parties constituantes d’un problème beaucoup plus vaste, le problème juif » (page 51);
- « Le sionisme n’est pas un mouvement colonialiste ayant des intérêts en Palestine, contrairement à ce que suggèrent certains spécialistes. Le sionisme, en réalité, est un mouvement mondial alimenté par une solidarité tribale sans équivalent » (page 56);
- « Tout au long des siècles, certains banquiers juifs ont acquis la réputation d’être des partisans et des financeurs de guerres, et même d’une révolution communiste » (page 66) ;
- « L’Holocauste a été une “victoire sioniste”, exactement de la même manière que tout viol est interprété par les idéologues féministes séparatistes comme une vérification de la validité de leurs théories » (page 85);
- « En raison de la nature raciste, expansionniste et judéo-centrique de l’État juif, le juif de la Diaspora se trouve intrinsèquement associé à une idéologie intégriste et ethnocentrique, ainsi qu’à une interminable liste de crimes contre l’Humanité » (page 92) ;
- « En juxtaposant des stéréotypes juifs (ceux que les juifs semblent abhorrer par opposition à ceux que les propagandistes ethniques juifs s’efforcent de promouvoir), on pourrait sans doute mettre en lumière, de manière cruciale, certaines problématiques relatives à l’identité juive » (page 95) ;
- « Les antisionistes d’origine juive (cette catégorie peut englober des gens haineux d’eux-mêmes et fiers de l’être, comme moi) sont là pour donner une image de pluralisme idéologique et de souci de l’éthique » (page 118) ;
- « Le socialisme juif, comme le socialisme, est une idéologie sans équivalent, ésotérique, avant tout préoccupée des intérêts juifs et de la judéité » (page 124);
- « Le socialisme et le militantisme progressiste juifs s’intègrent parfaitement dans le projet sioniste. En tant que parties constitutives du projet sioniste, ils ont pour rôle de rassembler les âmes perdues parmi les juifs humanistes et de les ramener à la maison pour Hanouka » (page 125);
- « Le débat entre les sionistes et les soi-disant “juifs antisionistes” n’a strictement aucun impact sur Israël ni sur la lutte contre la politique israélienne. Il a pour seule fin de maintenir le débat “au sein de la famille”, tout en semant davantage de confusion chez les Goyim. Cela permet aux militants juifs ethniques prétendument “progressistes” d’affirmer que “tous les juifs ne sont pas sionistes”. Cet argument de peu de poids a pourtant réussi à faire voler en éclats toute critique du lobbying juif ethnocentrique qui a pu être exprimée au cours des quatre décennies passées » (page 157);
- « Quand il s’agit de “passer à l’action” contre les soi-disant “ennemis du peuple juifs”, les sionistes et les “juifs antisionistes” se comportent comme un seul homme, comme un seul peuple, pour la bonne raison qu’ils sont effectivement un seul et même peuple » (page 157);
- « Le légendaire Matzpen progressiste et les néoconservateurs réactionnaires ont recours au même concept abstrait, non sans prétendre à l’universalité, pour justifier rationnellement le droit juif à l’autodétermination et à la destruction de tout pouvoir régional édifié par les Arabes et l’islam » (page 166);
- « Très souvent nous entendons dire à propos de juifs de gauche que leur affinité pour les problèmes humanitaires résulte de leur “héritage humaniste juif”. Plus d’une fois, j’ai moi-même expliqué que c’est là un mensonge absolu. Il n’existe pas d’héritage juif de cette nature. Déterminés qu’ils sont par des préceptes tribaux, tant le judaïsme que l’“idéologie juive” sont exempts de toute éthique universelle » (page 172);
- « Le vol interminable de la Palestine au nom du peuple juif fait partie d’un continuum spirituel, idéologique culturel et pratique entre la Bible, l’idéologie sioniste et l’État d’Israël sans oublier ses zélotes d’outremer. Israël et le sionisme (…) ont institué le pillage promis par le Dieu hébreu dans les écritures saintes ïques (page 182);
- « On dirait que l’armée israélienne, en rayant de la carte de lors de la bande de Gaza, en janvier 2009, mettait en application le verset du Deutéronome 20 :16 ; de fait, elle n’a “laissé la vie à rien de ce qui respire” » (Page 184);
- « Le vol et la haine imprègnent l’idéologie juive contemporaine, que celle-ci soit de gauche ou de droite » (page 185);
- « Alors que le contexte biblique judaïque est plein de références à des faits violents habituellement commis au nom de Dieu, dans le contexte national et politique juif contemporain les juifs tuent et volent en leur propre nom, au nom de l’autodétermination, de la “politique de la classe laborieuse”, de la “souffrance juive” et de leurs aspirations nationales » (page 185);
- « Si Shlomo Sand est dans le vrai (…), si les juifs ne sont pas une race et s’ils n’ont rien voir avec le sémitisme, alors l’“antisémitisme” est formellement un mot vide de sens. Autrement dit, la critique du nationalisme, du lobbying et du pouvoir juifs ne peut être considérée comme autre chose qu’une critique légitime d’un idéologie, d’une politique et d’une praxis » (page 212);
- « Il m’a fallu des années pour comprendre que l’Holocauste, cette croyance centrale de la foi juive contemporaine, n’était pas un récit historique, dès lors que les narrations historiques n’ont que faire de la protection de la loi et des politiciens » (page 215);
- « La religion de l’Holocauste est de toute évidence judéo-centrique jusqu’à la moëlle. Elle définit la raison d’être juive. Pour les juifs sionistes, elle signifie un épuisement total de la Diaspora et elle fait du Goy un assassin irrationnel en puissance. Cette nouvelle religion juive prêche la revanche. Il pourrait s’agir de la religion la plus sinistre de tous les temps car, au nom de la souffrance juive, elle délivre des permis de tuer, d’écraser, de nucléariser, d’annihiler, de piller, d’épurer ethniquement. Elle a fait de la vengeance une valeur acceptée en Occident » (page 216);
- « La religion de l’Holocauste est le stade final, conclusif, de la dialectique juive (…) Au lieu d’avoir besoin d’un Dieu abstrait pour désigner les juifs en tant que peuple élu, dans la religion de l’Holocauste, les juifs se passent de ce divin intermédiaire et ils s ‘élisent eux-mêmes » (page 217);
- « Ceux qui tentent de réviser l’Histoire de l’Holocauste sont victimes de mauvais traitements des grands prêtres de cette religion (…) Nous ne sommes pas autorisés à y toucher, pas plus qu’il ne nous est permis de l’examiner » (page 220);
- « La religion de l’Holocauste était déjà bien établie très longtemps avant la Solution finale (1942), bien avant la Nuit de Cristal (1938), les Lois de Nuremberg (1936) et même avant la naissance d’Hitler (1889). La religion de l’Holocauste est sans doute aussi ancienne que les juifs le sont eux-mêmes » (page 221);
- « La morale de cette histoire [celle d’Esther] est très claire : si les juifs veulent survivre, ils ont intérêt à infiltrer les arcanes du pouvoir. À la lumière du Livre d’Esther, e Mardochée et de Pourim, l’AIPAC et la notion de “pouvoir juif” semblent l’incarnation d’une idéologie profondément biblique et culturelle » (page 226);
- « L’authenticité historique du Livre d’Esther est très largement remise en cause par la plupart des biblistes contemporains (…) Autrement dit, toute considération morale mise de côté, la tentative de génocide décrite est fictive » (page 227);
- « Le Livre d’Esther esquisse une identité exilique. Il provoque le stress existentiel et constitue un prélude à la religion de l’Holocauste » (page 227);
- « Tant dans Exode que dans le Livre d’Esther, l’auteur du texte réussit à prédire le genre d’accusations qui allaient être jetées contre les juifs pour les siècles à venir, telle que la recherche du pouvoir, le tribalisme et la tricherie. De manière choquante, le texte d’Exode fait penser à une prophétie de l’Holocauste nazi (…) Pourtant, aussi bien dans Exode que dans le Livre d’Esther, au final, ce sont les juifs qui tuent » (page 228);
- « Il m’a fallu des années pour comprendre que mon arrière grand-mère n’avait pas été transformée en “savonnette” ou en “abat-jour” contrairement à ce qu’on m’enseignait en Israël. Ella a sans doute péri d’épuisement ou du typhus, ou peut-être a-t-elle été victime d’un mitraillage collectif (au cours de ce qu’on appelle la Shoah par balles). C’était assurément triste et tragique, mais cela n’est pas très différent du sort qu’ont connu des millions d’Ukrainiens qui ont eu à apprendre le sens réel du mot communisme. Le sort de mon arrière grand-mère n’a pas été très différent de celui de centaines de milliers de civils allemands tués dans un bombardement aveugle cyniquement orchestré, pour l’unique raison qu’ils étaient allemands » (page 248);
- « Soixante-six ans après ans après la libération du camp d’Auschwitz, nous devrions pouvoir poser la question du “pourquoi”. Pourquoi les juifs étaient-ils haïs ? Pourquoi les peuples européens se sont-ils levés pour faire la guerre à leurs voisins ? Pourquoi les juifs sont-ils haïs au Moyen-Orient, où ils avaient sûrement une chance d’ouvrir une nouvelle page de leur histoire ? S’ils avaient envisagé de le faire, comme le clamaient les pionniers du sionisme, pourquoi ont-ils échoué ? Pourquoi l’Amérique a-t-elle durci ses lois d’immigration au plus fort du danger pour les juifs européens ? Nous devons aussi nous demander à quoi servent, au juste, les lois sanctionnant le négationnisme de l’Holocauste ? Qu’entend cacher la religion de l’Holocauste ? Tant que nous ne nous poserons pas de questions, nous serons assujettis aux sionistes et à leurs complots. Nous continuerons à tuer au nom de la souffrance juive » (page 249);
- Et les dernières lignes de l’épilogue du « livre » sont les suivantes : « Je ne saurais laisser passer l’opportunité qui m’est ici offerte de remercier du fond du cœur ma demi-douzaine de détracteurs juifs marxistes qui m’ont harcelé, moi et ma carrière musicale, nuit et jour, des années durant, et sans lesquels je n’aurais jamais pris toute la mesure e la profondeur de la férocité tribale. Ce sont ces activistes juifs soi-disant “antisionistes” qui m’ont appris infiniment plus de choses que n’importe quel sioniste enragé au sujet de la véritable signification pratique – ô combien dévastatrice – de la politique identitaire juive » (page 268).
Fermez le ban ! Une telle prose ne mérite aucun commentaire : cette diarrhée nauséabonde condamne sans appel son auteur. Et son préfacier : car le Belge Jean Bricmont a cru bon d’apporter sa caution à cette prose digne du Völkischer Beobachter. Il est tombé ainsi du côté où il penchait depuis longtemps. Bien bas…
Dominique Vidal.
NOTES
(1) Editions Demi-Lune, Plogastel Saint-Germain, 2012.
(2) www.silviacattori.net/
(3) www.info-palestine.net/
Sur le site de l’UJFP