Mais putain, ça s'arrete quand cette hémorragie ?

Scandale d’Etat à 20 milliards

Origine de l'article AGORAVOX du 25 mai 2014

C’est le coût du scandale politico bancaire d’Etat concernant
la spoliation des communes
(ignorée par la campagne électorale municipale et les partis)
 
LES FAITS
Au cours des 15 dernières années, 2000 collectivités territoriales françaises sont habilement spoliées par des banques peu scrupuleuses. Avec certains contrats de crédit-arnaque, des taux variables montent entre 16 et 40%. Bien qu’élus de la République, les victimes de ces escroqueries n’arrivent pas à se libérer de ces contrats de prêts, car les banques bénéficient d’une forte complicité directe et indirecte au plus haut sommet de l’Etat. Comme les maires et autres élus signataires n’ont pas la capacité juridique, ni les moyens d’assumer cette effroyable hémorragie financière avec leurs propres revenus personnels, les citoyens continuent donc à payer aujourd’hui, par les hausses d’impôts, cette immense « escroquerie en bande désorganisée ». Un énorme préjudice cumulé de 20 milliards d’Euros aux frais de tous les contribuables locaux.
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Banque de France, Paris, Journées du patrimoine
photo par Jori Avlis https://www.flickr.com/photos/joriavlis/
(CC BY-NC 2.0) http://creativecommons.org/licenses...
2013 : Le Tribunal de Grande Instance de Nanterre condamne enfin la pratique délinquante des prêts bancaires toxiques à taux variables abusifs. Une des banques fautives est condamnée à ramener le taux d’un dossier contentieux au taux usuel pratiqué. Comme 270 des 2000 dossiers de collectivités arrivent juridiquement à terme en 2014, l’enjeu à très court terme est de 10 milliards. C’est la panique dans le monde bancaire. D’autant que les dossiers des particuliers escroqués pourraient bien, un jour, en bénéficier et tripler par conséquent cette facture de remboursement.
Fin 2013 : Pour contrer cette jurisprudence en défaveur des banques et des prêts arnaques, au bénéfice des collectivités (par des particuliers pour l’instant), le gouvernement de Hollande lance discrètement à l’Assemblée Nationale une procédure parlementaire de .« validation » rétroactive des contrats condamnés  !.
Janvier 2014 : Le Conseil Constitutionnel casse heureusement cet incroyable projet de loi scélérat digne d’une « république bananière ». Comme pour la fameuse taxe à 75% (cassée par le même Conseil Constitutionnel car jugée confiscatoire puisque rajoutée aux 66% de charges), le Gouvernement de Hollande décide de contourner une nouvelle fois et contre toute morale et logique la décision de la plus haute cour justice. Il décide d’intensifier son action directe de protection politique et judiciaire des prêts toxiques et des banques délinquantes qui les pratiquent, contre les Tribunaux et les communes spoliées. Le débat médiatique et politique sur le sujet est tout aussi discrètement escamoté. Y compris pendant toute la campagne des municipales.
Mars 2014 : un second jugement de la juridiction confirme la jurisprudence de 2013 en élargissant le nombre de dossiers potentiellement concernés.
Le plus grand scandale financier
C’est le plus grand scandale financier de l’histoire de France. Le paradoxe est qu’aucun parti n’a osé le dénoncer électoralement. Les professions électorales n’en contiennent aucune trace. Pour quelle raison ? Mystère. Expliquer ce silence complice par les besoins lourds et fréquents des partis parlementaires d’emprunter aux banques avant et après les élections, ce n’est pas suffisant. La suspicion d’escroquerie en bandes (organisées ou désorganisées) sera peut-être avérée un jour. Pour l’instant, en attendant de pouvoir enquêter sur les complicités politiques directes et indirectes, face à la phénoménale protection au plus haut sommet de la République et à la complète impunité des délinquants en col blanc (à l’exemple des dirigeants du Crédit Lyonnais totalement impunis et dont Bernard Tapie n’était pas, de très loin, la seule personne lésée), il reste le triste constat d’incompétence crasse des élus aux frais de la collectivité et donc des citoyens (via des hausses illégitimes d’impôt).
23 avril 2014 : face au péril judiciaire, le gouvernement de Hollande a présenté un projet de loi auprès du Sénat. Ce texte tente à nouveau de rendre valide rétroactivement ces fameux contrats de prêts structurés condamnés devant la justice. Ce culot de Hollande et de ses affidés est la conséquence du silence assourdissant des partis et surtout la conséquence d’un sentiment de totale impunité politique et pénale.
Mai 2014 : En cas d'absence d'adoption du projet de loi présenté en procédure accélérée au Parlement ce mois-ci, le Gouvernement déclare et confirme que les pertes directes immédiates s'élèveraient bien à 10 milliards d'euros. Il souligne par ailleurs que la généralisation de la décision du tribunal de Nanterre obligerait très probablement à la recapitalisation voire à la disparition de certaines des banques concernées. Un boulet de 7 milliards d'euros supplémentaires de "risques indirects", payables dès 2014 ou 2015. Au total, pour les seuls dossiers arrivés judiciairement à terme ce trimestre, la facture potentielle se monterait donc à 17 milliards d'euros, soit un tiers de l’actuel plan d'économies publiques.
Des élus de tous bords ont entamé la révolte. Exemple : Pour Christophe Greffet, vice-président PS du conseil général de l'Ain (une des collectivités victimes des prêts structurés) et secrétaire de l'association « Acteurs publics contre les emprunts toxiques », "l'État cherche à se dédouaner d'un certain nombre de responsabilités. C'est le contribuable local qui devra immanquablement assumer le coût. Pourtant, ce type de prêt n'aurait jamais dû être diffusé dans le monde des collectivités et des acteurs publics comme les hôpitaux et les syndicats de collectivités. Les autorités de contrôle auraient dû s'assurer que ce type de prêt ne puisse pas être diffusé", dénonce-t-il. Il rappelle que « le département doit rembourser un emprunt souscrit auprès du Crédit agricole dont le taux d'intérêt a explosé pour dépasser 27% à la fin de l'année 2014 et devrait atteindre plus de 40%" !
Le Gouvernement de Hollande a répondu : la loi de finances 2014 a créé un fonds de soutien spécifique à cette affaire pour les collectivités. Il est doté de 100 millions d'euros par an pendant 15 ans, financé à moitié par les banques grâce à la "taxe systémique". Pour être un bénéficiaire potentiel, les collectivités devront cependant et préalablement conclure une transaction avec les banques sur l'ensemble des emprunts structurés et instruments financiers avant le 15 mars 2015.
Nos remarques préliminaires :
1°) Ce fonds est conditionné à l’accord des banques et des collectivités spoliées.
2°) Les décrets d’application ne sont même pas parus, de sorte que les collectivités ne savent toujours pas si elles rempliront les critères pour en bénéficier, pour quel montant et à quel moment, car toutes ne pourront pas être servies en même temps.
3°) Cette aide est limitée à 45 % du montant de la « soulte » (supérieure au capital restant dû) que les collectivités ont à régler
4°) Cette aide est finalement hypothétique, car elle se fera en fonction des comptes de la collectivité. D’après l’actuel texte gouvernemental déposé au Sénat, l'État pourrait par exemple, n’accorder aucune aide parce que la trésorerie de la collectivité lui permettrait simplement d’y faire face via les hausses d’impôts !
5°) En clair, pour recevoir UN Euro d’aide étalée sur 15 ans, les collectivités devront renoncer à contester 100 Euros d’intérêts litigieux (payables de suite par nos impôts). Une arnaque Hollande de plus…
Notre analyse politique :
Cette action du Gouvernement de Hollande a pour but d’interférer dans les renégociations actuelles entre les banques et les collectivités depuis la jurisprudence TGI de 2013. D’abord pour faire gagner du temps aux banques délinquantes. Et ensuite avec l’objectif officiel affiché (attitude incroyable pour un gouvernement de gauche) de contourner des décisions de justice, de maintenir la spoliation des collectivités par les banques et donc d’entraîner les inévitables hausses d’impôts pour payer ces banques non-éthiques.
De nombreux élus (et nouveaux élus) de droite et de gauche espèrent que le projet de loi du gouvernement auprès du Sénat sera à nouveau retoqué par le Conseil Constitutionnel. Parmi les centaines de coûteux avocats mobilisés (payés par les contribuables bien évidemment), nombre d’entre eux estiment que cette « validation législative rétroactive » aura peu de chance de passer la barre de la justice européenne. Mais nous pensons qu’en réalité, Hollande et son équipe s'en moquent, car il sera alors trop tard ; le mal financier (et donc fiscal) sera fait. Avec ou sans élection, il sera impossible ensuite de revenir en arrière.
L’atelier intello-musical de « ACCES » vous invite à poursuivre le travail de réflexion collective trans-partis et de lobbying en vue de trouver les moyens de diminuer la collusion politico-bancaire dramatiquement nuisible aux finances des communes et de l’Etat, donc aux finances des entreprises et des citoyens.
Bien que technique et rébarbatif, les citoyens doivent se tenir au courant du dossier et s’emparer du débat, puisque les partis ne l’ont pas fait jusqu’ici. Un principe général et simple, compréhensible par tout le monde, doit déjà être affirmé et diffusé :
Fin de l’arnaque des prêts toxiques
à taux variables, pour les collectivités
ET les citoyens.
Une banque n’est pas une entreprise comme toutes les autres avec liberté de faire du profit avec tout et n’importe quoi (notamment en spéculant avec de l’argent ne lui appartenant pas). Une banque est en premier lieu un service public, privatisé ou non. Il doit y avoir un cahier des charges limitant la part des actions spéculatives par rapport aux actions de soutien à la consommation, à la production, à l’économie réelle. Il doit y avoir une charte éthique légiférée encadrant les prêts aux partenaires sociaux. Ce principe général doit être défendu par une future loi très claire à ce sujet. Une loi pour défendre les intérêts des collectivités, des entreprises et des citoyens. Cet évènement financier est très grave par sa généralisation et le montant des dégâts financiers et a largement démontré qu’une loi contre les banques délinquantes et leurs complices politiques est devenue indispensable. Cette loi anti-délinquance bancaire ne verra jamais le jour si les citoyens ne font pas connaître massivement leur besoin d’être défendus. La société ne peut devenir moins prédatrice, moins immorale, moins injuste, si les citoyens ne se manifestent pas, ne votent pas et ne pétitionnent pas.

NB/ La complicité de François HOLLANDE officiellement affichée avec les banques délinquante (coûtant 20 milliards d’Euros aux collectivités et aux contribuables) et son action parlementaire têtue et intensive dans le seul but de contourner la morale, les décisions de justice et d’obtenir l’impunité des banques non-éthiques spoliatrices, représente clairement un « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat » (article 68, 2007). Mais seul le Parlement réuni en Haute Cour peut le juger. Tant que François HOLLANDE conservera une majorité grâce au maintien d’une aveugle complicité parlementaire, cette unique voie judiciaire sera bouchée et l’impunité définitive. La procédure beaucoup plus simple « d’impeachment » (qui avait destitué le Président des USA Richard NIXON et avait gravement déstabilisé Bill CLINTON pour simple mensonge) n’existe pas encore en France.
Comment stopper
l’actuel scandale politico-bancaire d’Etat ?
En attendant l’hypothétique application de l’article 68, nous proposons une mobilisation populaire hors des sphères feutrées de la haute finance spéculative, l’interpellation de vos partis par des actions « colorées » médiatisées et un lobbying direct (et trans-partis) sur le Parlement, notamment par la pétition de ci-dessous :
Nous, citoyens, réclamons
1=> L’interdiction des prêts à taux variables abusifs.
2=> La négociation entre l’Etat et les banques d’un futur taux fixe généralisé à l’ensemble des dossiers contentieux et d’un futur barème contextuel de taux maximum (taux dit usuraire) ne pouvant en aucune manière être dépassé.
3=> Un moratoire national par décret sur les hausses abusives des taux d’intérêts découlant des prêts à taux variables. (Les prêts continuant d’être remboursés par les emprunteurs en appliquant uniquement le taux légal en vigueur pratiqué par le Trésor Public lui-même).
4=> Un crédit d’impôts et un prêt de la Banque Centrale permettant aux banques coupables d’étaler dans le temps leur inévitable perte financière découlant du moratoire et de l’accord définitif.
5=> L’extension de ce moratoire et processus d’accord, négocié au bénéfice des collectivités, à toutes les entreprises, à toutes les personnes morales (syndicats, hôpitaux, etc .) et à tous les citoyens escroqués de manière similaire par les banques.
Soyez nombreux à faire signer la pétition autour de vous !

La presse corrompue n'aime pas la critique et pourtant.....

Grognements dans le chenil de LCP contre le film Les Nouveaux Chiens de garde

par Henri Maler, le 13 mai 2014
Origine ACRIMED.org
 
Nous avons déjà, mais brièvement, évoqué cette magnifique et involontaire confirmation du film Les Nouveaux chiens de garde : un débat organisé à la suite de la diffusion du film sur la chaîne LCP avec pour seuls protagonistes Sa Suffisance Élie Cohen, Sa Véhémence Dominique Wolton et Sa Vanité Franz-Olivier Giesbert (tous trois hostiles au film), à l’exclusion de ses réalisateurs, de ses auteurs et des intervenants qui ont apporté leur concours [1].
« Médias, politiques, le même discrédit ? » : tel était le thème annoncé du papotage présenté par Émilie Aubry. Autant dire immédiatement qu’il n’en fut presque jamais question. Mais du film non plus, sinon pour affirmer qu’il était conventionnel et vieux, faux et con. Décryptage (et transcription quasi intégrale en fin d’article).

Prologue
Émilie Aubry présente ses invités : « Élie Cohen […] Vous en prenez pour votre grade effectivement avec ce documentaire… » Réponse de l’intéressé : « Non pas vraiment. » Puis : « Franz-Olivier Giesbert qu’on voit apparaître également… » Commentaire de l’intéressant : « Oui, mais pas beaucoup, pas assez je trouve, pas assez. » Et enfin : «  Dominique Wolton, spécialiste des médias ». Sourire du spécialiste. Ce qui donne à l’image trois exemplaires du narcissisme que d’impudentes déclarations vont confirmer.

Première question « de fond » : « Comment vous l’avez vu ou revu le film, Élie Cohen, dans lequel vous apparaissez largement ? »


I. Sa Suffisance Élie Cohen
Ainsi interpellé, Élie Cohen répond en gros et en détail [2]
En gros…

- Élie Cohen : « J’ai trouvé que c’était un exercice parfaitement conventionnel, qui consiste à dire dans un premier temps : "Il y a une poignée d’individus qui dirigent l’opinion publique et qui la façonnent, et les voici." On les nomme, strictement. Et puis après : "Cette minorité en fait n’a pas du tout les qualités qu’on lui prête, ce ne sont ni des vrais experts, ni des vrais journalistes, ni des vrais économistes... Ce sont de pures créatures du capital qui ânonnent l’évangile qu’on leur a enseigné." Et puis bien entendu ces prétendus experts sont en fait stipendiés, et donc on les dénonce publiquement en montrant même combien ils touchent. Je trouve que c’est vraiment le plus mauvais genre que l’on peut imaginer. »
L’économie manifestement n’est pas une science exacte. Évidemment, le film ne parle pas d’ « une poignée d’individus qui dirigent l’opinion publique et qui la façonnent ». Et si – quelle horreur ! – il les nomme (« strictement » ?), ce n’est pas pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils représentent et le quasi-monopole qu’ils exercent. S’ils ne sont pas de « pures créatures du capital » et « stipendiés » – c’est-à-dire payés (voire corrompus) pour agir à sa solde –, nombre d’entre eux sont grassement payés en raison de leurs fonctions dans des conseils d’administration. Sauf omission, le seul revenu mentionné dans le film est celui de Michel Godet, chantre du travailler plus pour gagner moins.
Mais tout cela, pour Élie Cohen, est, en gros, sans importance.

Et dans le détail
« Alors dans le détail c’est presque comique, poursuit l’économiste, parce qu’on a un économiste apparemment qui tance ses collègues qu’il appelle des demi-économistes, des quarts d’économistes.
« Dans le détail », la réplique d’Élie Cohen est à la fois dérisoire et lamentable. L’économiste « apparemment » n’est autre que Frédéric Lordon qui n’est pas moins économiste qu’Élie Cohen. Et si Lordon mentionne (en omettant les quarts d’économistes) des « demi-économistes », mais aussi des « économistes complets », c’est à UNE reprise et dans un contexte précis. En voix off, dans Les Nouveaux Chiens de garde : « À l’abri des regards indiscrets, les stars des médias apprennent en toute indépendance les mœurs du pouvoir et tendent l’oreille à leurs préoccupations. » Une séquence est alors consacrée au « Dîner du Siècle » ; elle est suivie de ces propos de Frédéric Lordon : « Dans tous ces clubs, c’est quoi le nom du jeu ? C’est le joyeux mélange. Journalistes, faux intellectuels, demi-économistes, économistes complets, hauts fonctionnaires, hommes politiques, hommes d’entreprise, patrons bien sûr… et tout ce petit monde est comme poisson dans l’eau et copain comme cochon. »

Mais cela, pour Élie Cohen, c’est un détail…
D’où parle Élie Cohen…

Et Élie Cohen, prenant à parti Frédéric Lordon - « économiste apparemment » - poursuit : «  On a envie de lui demander mais à partir de quelle position il parle, quelle est sa position académique éminente […] »

La « position académique » de Frédéric Lordon n’est pas moins éminente que celle d’Élie Cohen, puisqu’ils sont tous deux directeurs de recherche au CNRS. Mais à la différence d’Élie Cohen et de nombre de ses confrères, Frédéric Lordon n’exerce pas ces autres fonctions que le commentaire du film évoque en ces termes : « […] presque tous siègent aux conseils d’administration de grandes entreprises, collaborent à des banques, conseillent des fonds spéculatifs. Pourtant ce ne sont jamais ces fonctions-là qui sont mises en avant. Lorsqu’ils sont invités dans les médias, c’est sous leurs titres universitaires que les journalistes les présentent. » Et comme « ces fonctions-là », s’agissant d’Élie Cohen, ne sont pas mentionnées dans le film, n’hésitons pas à le compléter : en 2010, Élie Cohen figurait dans les « conseils administration » de Pages Jaunes, EDF Énergies Nouvelles, Stéria pour un total de jetons de présence de 107 212 euros [3].

Et Élie Cohen de préciser son « envie » : « On a envie de lui demander […], à quel titre il condamne par exemple Daniel Cohen pour ne citer que celui-ci, quelle est la légitimité qu’il s’auto-octroie pour juger de sa chaire de la qualité des travaux des uns et des autres. » Comme s’il était besoin de disposer d’un titre quelconque pour juger non de « la qualité des travaux des uns et des autres  », mais de la qualité leurs prestations médiatiques, par exemple de celle de Daniel Cohen qui déclarait – comme le rappelle le film – que la crise financière était finie… quelques semaines avant le krach d’octobre 2008.


Élie Cohen, ce marginal
Quand Émilie Aubry lui demande ce qu’il répond à ceux qui lui « reprochent d’imposer » sa « vision de l’économie et de la marche du monde », Élie Cohen nous livre cette émouvante confession : « […] si j’imposais ma vue, vraiment je serais très, très mauvais, parce que quand j’en juge par le jugement des Français, les Français sont majoritairement anti-mondialisation, majoritairement anti-économie de marché, ils sont anti-libéralisme et ils deviennent de plus en plus eurosceptiques. Si vraiment j’avais l’influence qu’on me prête, j’ai complètement échoué, moi et mes congénères, qui dominons les médias. »

Faut-il comprendre qu’il serait légitime qu’Élie Cohen et ses « congénères » dominent les médias, sous prétexte qu’ils seraient minoritaires dans l’opinion (qui, de surcroît, aurait les opinions… qu’Élie Cohen lui prête) ?

En vérité, selon Élie Cohen, lui-même et ses « congénères » ne domineraient pas assez les médias : « Moi je suis frappé de voir aujourd’hui que ce qui est recherché, c’est le point de vue dissonant. C’est le point de vue hostile à l’euro, c’est le point de vue hostile à la mondialisation, au libéralisme. » À croire que ces « points de vue dissonants », venant d’économistes hétérodoxes sont sur le point d’envahir les médias ! À n’en pas douter, un tel déni de réalité est « frappant »  ! Surtout quand, dans un ultime effort de confusionnisme, Élie Cohen évacue ainsi le problème posé par l’omniprésence médiatique des omniprésents : « Ce qui me frappe, à l’inverse de ce qui est dit ici [qui ne dit rien de tel…], c’est que l’opinion dominante n’est précisément pas l’opinion qui est véhiculée par le journalisme dominant. »

Manifestement, quand le doigt montre la lune, il n’y a pas que le fou qui regarde le doigt.
Après Élie Cohen, la parole revient à Franz-Oliver Giesbert. Mais nous gardons le meilleur pour la fin ! Retenons, en attendant quelques fragments des tirades de Dominique Wolton.

II. Sa Véhémence Dominique Wolton
Qu’oppose-t-il au film ? Exclusivement les banalités que ce spécialiste débite un peu partout : que les récepteurs ne sont pas idiots et que tout va mieux qu’en 1930.

La nomenklatura, c’est pas grave
Dans son (héroïque) critique de Pierre Bourdieu (que nous avons étudiée ici même), Dominique Wolton avait déjà affirmé, contre toute évidence et contre la totalité de l’œuvre de Pierre Bourdieu, que la conception de ce dernier « porte à croire que le récepteur reçoit en totalité et sans modification le message de l’émetteur et qu’il n’y a pas de décalage entre l’intention de l’émetteur et la réception ». N’écoutant que lui-même et n’entendant que ce qu’il ressasse, Dominique Wolton a découvert que le film repose sur la même faiblesse.

- Dominique Wolton : « La principale faiblesse du film, en dehors de la dénonciation et de la liaison... Ça suppose que les récepteurs sont idiots. En supposant même que toutes les hypothèses soient vraies […] Par contre, là où il y a quelque chose qui intellectuellement est complètement faux […] c’est que les récepteurs ne sont jamais des abrutis qu’on manipule. […] » 

La « principale faiblesse »… de cette critique, c’est qu’elle ne repose sur rien, puisque le film n’aborde pas du tout la question de la réception des aboiements des chiens de garde dont il serait toutefois hasardeux d’affirmer qu’ils sont inaudibles.

Mais Dominique Wolton est sans doute trop pris par ses interventions dans les médias pour lire ce que nous disons nous-mêmes depuis belle lurette et sans attendre son imprimatur [4].
Mais une incise, omise ci-dessus, mérite d’être rapportée. Reprenons…

La dépendance des médias, c’est pas grave !
- Dominique Wolton : « En supposant même que toutes les hypothèses soient vraies : qu’il y ait des capitaines d’industrie, qui contrôlent les médias... Ce qui n’est pas vrai, il ne faut pas exagérer, on n’est plus en 1930 ni en 1960, il y a quand même beaucoup plus d’autonomie entre les propriétaires des médias et les rédactions. C’est même un des grands progrès en cinquante ans, que la plupart du temps dans le monde, les rédactions se sont autonomisées par rapport soit à l’État, quand c’est des médias d’État, soit aux propriétaires. […] »

Quand Dominique Wolton – ce qui est fréquent – cherche à tout dire en une seule phrase, il est rare qu’il y parvienne. On ne saura donc pas si, à ses yeux, il est faux ou seulement exagéré d’affirmer qu’il existe des capitaines d’industrie qui contrôlent les médias. Mais ce que dit Dominique Wolton est manifestement exagéré. Il suffit pour s’en convaincre de relever que quelques minutes plus tard il jugera nécessaire de renforcer l’autonomie des rédactions (et de se reporter au témoignage avisé de Franz-Olivier Giesbert qu’on lira plus loin) !

Et quoi d’autre ? S’énervant contre toute tentative de l’interrompre (au point que Giesbert crut bon de susurrer : « ce n’est pas un cours mais un échange »), Dominique Wolton a par la suite parlé de tout et donc de rien, sans être toujours inexact. Un seul problème : ces propos n’entretenaient aucun rapport ni avec le film ni avec le thème du débat tel qu’il était annoncé.
Mais avec Franz-Olivier Giesbert, nous avons été servis !


III. Sa Vanité Franz-Olivier Giesbert
Sa Vanité ose tout : c’est même à cela qu’on la reconnaît ! Et elle ose prononcer son verdict au nom du niveau intellectuel d’un auteur qu’elle n’a sans doute pas compris (à supposer qu’elle l’ait lu) et que tout oppose à elle : « Le seul problème de ce film, c’est que d’abord il se la pète. C’est-à-dire... Paul Nizan ! Si on voit le niveau intellectuel de Paul Nizan et que l’on compare avec celui du film, qui est quand même largement bêtasse... »

Conneries
Sa Vanité, donc, a trouvé que le film était « bêtasse » et con et même très con.
Une première fois : « Le problème de ce film - même s’il pose des bonnes questions je pense, on devrait en parler aussi, parce qu’il pose des vraies questions - mais il est con et vieux. Et pourquoi ? Bon, "con" on voit très bien pourquoi, et "vieux" parce qu’il parle de… de la presse d’avant. »
Et encore : « Moi, je veux revenir à ce film parce que ce qui est intéressant quand je dis – je mettrais d’autres adjectifs aussi – mais quand je dis qu’il est con et vieux, mais vraiment il est totalement déconnecté par rapport à la réalité d’aujourd’hui des médias. »

Et une dernière fois, à la seule évocation d’une scène : « C’est très con !… C’est très con !… C’est très con !… C’est très con ! »

Pour se montrer jeune et intelligent, Sa Vanité bavardera, à tort et à travers, sur la liberté qu’offre Internet. Comme si les médias dominants n’existaient plus… ni la médiacratie.
Selon Giesbert, il ne reste donc qu’un pamphlet d’inspiration antisémite ou maccarthiste : « C’est ce que l’on appelle le journalisme de liste : "Ceux-là ils sont méchants, ceux-là ils sont méchants..." Il y a Henry Coston qui est un spécialiste de cela, il disait : "Celui-là il est juif, celui-là il est juif, celui-là il est juif..." Et puis McCarthy aux États-Unis, il prenait les communistes. »
Rappelons simplement (et calmement…) que cela fut dit dans un débat de haute tenue sur LCP, et passons…

Indépendance
S’agissant de sa modeste personne, Giesbert surligne : « En plus ils n’ont pas trouvé grand-chose à part une phrase un peu tronquée […] ». Pourtant son impérissable pensée ne tient pas dans une seule phrase (nullement tronquée), mais dans l’extrait d’un entretien (archive France Inter, Radioscopie, Jacques Chancel, 1989). Voici cet extrait tel qu’il figure dans le film :

- Jacques Chancel : « On vous a parfois censuré. Par exemple, un article est prêt… avez-vous reçu un coup de fil de Robert Hersant vous disant : non, il n’est pas question qu’on fasse cet article-là, il n’est pas question que l’on titre de cette manière-là ? »

- Franz-Olivier Giesbert  : « Écoutez, ce sont des choses qui arrivent dans tous les journaux. Et ça me paraît tout à fait normal. Je pense que tout propriétaire a des droits sur son journal. Il a, lui, le pouvoir. Vous parliez de mon pouvoir. Enfin mon pouvoir, excusez-moi, c’est une vaste rigolade ! »
- Jacques Chancel : « Disons le pouvoir du journaliste ! Disons la responsabilité… »

- Franz-Olivier Giesbert : « Y a des vrais pouvoirs ! Les vrais pouvoirs stables, c’est le pouvoir du capital ! ça c’est le vrai pouvoir. Il est tout à fait normal que le pouvoir s’exerce. »

Or que dit France-Olivier Giesbert quinze ans plus tard ? Reprenons…

- Franz-Olivier Giesbert : « En plus ils n’ont pas trouvé grand-chose à part une phrase un peu tronquée parce que ma position je l’ai toujours dit...  »

- Émilie Aubry : (elle le coupe) « Oui vous défendez le capital... »

- Franz-Olivier Giesbert : « Non je ne le défends pas du tout, simplement si on n’est pas d’accord on s’en va ou on est viré. Mais c’est comme ça, et c’est comme ça tout le temps. Il faut accepter le jeu. Et puis sinon on va travailler dans des journaux dirigés par des journalistes, le problème c’est qu’il y en a de moins en moins, il n’y en a plus d’ailleurs....  »

- Émilie Aubry : « "Si TF1 appartient à Bouygues il est normal que Bouygues intervienne dans les conférences de rédaction", vous êtes vraiment d’accord avec cela ?  »

- Franz-Olivier Giesbert : « Rien n’empêche... D’abord évidemment quand on dirige bien on passe un pacte avec l’actionnaire et le propriétaire pour qu’ils n’interviennent pas, surtout pas à tout bout de champ comme le font certains, ça c’est clair, mais si on n’est pas content du système, rien ne nous empêche de créer des journaux, certains l’ont fait, d’ailleurs parfois ça a marché, parfois pas, c’est vrai qu’aujourd’hui la situation de la presse est un peu... »

Et Giesbert remet ça quelques minutes plus tard :

- Émilie Aubry : « Alors là je suis obligé de donner la parole à Franz-Olivier Giesbert puisque c’est précisément sur ce sujet-là qu’il est interviewé dans le film et que vous aviez l’air d’assumer parfaitement effectivement, sans doute par provocation, je n’en doute pas vous connaissant, que voilà c’est normal que le capital… d’une certaine manière… impose… »

- Franz-Olivier Giesbert : « Non, non… il n’y a pas de provocation dans l’idée que le propriétaire c’est le patron. C’est vraiment, je pense, j’ai toujours dit « il faut choisir son patron ». Il faut choisir quelqu’un avec lequel on sait que l’on pourra travailler … »

- Émilie Aubry : « En général ça ne se fait pas dans ce sens-là. »

- Franz-Olivier Giesbert : « Ben oui mais si ça ne se fait pas dans ce sens-là … Moi je ne comprends pas ces gens qui se plaignent du système dans des journaux qui appartiennent à ce que l’on appelle le grand capital. C’est stupide ! Dans ces cas-là… »

- Émilie Aubry : « Il en va de leur survie quand même généralement. »

- Franz-Olivier Giesbert : « Non mais il y a d’autres journaux pour ça. Il y a d’autres journaux. Il y a longtemps eu d’ailleurs, parce que c’est de moins en moins vrai, c’est sûr, mais il y a beaucoup eu… »

- Dominique Wolton : « Non mais un journaliste même s’il travaille comme ça… »

- Franz-Olivier Giesbert : « …d’autres journaux où ils pouvaient aller... Rien ne les empêche d’aller au Monde, d’aller dans tous ces journaux… les Échos autrefois et cetera… Aujourd’hui moi je pense que… non mais attendez de toute façon la phrase est tronquée… »

- Émilie Aubry : « La vôtre… »

- Franz-Olivier Giesbert : « oui […] on s’en va, on démissionne, on se fait virer, c’est-à-dire on n’est pas obligé de rester… […] On n’est pas obligé de rester. »

Les 36823 titulaires de la carte de presse en 2013, les journalistes en CDD à répétition, les pigistes et stagiaires apprécieront : selon Giesbert, ils ont le choix de leur patron et s’ils ne sont pas contents qu’ils s’en aillent !

À Dominique Wolton qui, pris d’un accès de bon sens, tente de lui objecter que « le marché est bon pour la nomenklatura pas bon pour des journalistes de classe moyenne », Giesbert réplique : « Non, non, il est même de moins en moins bon pour cette nomenklatura qui est complétement, dans ce film, vitrifiée […] »

Pauvre nomenklatura vitrifiée ! Pitié pour ses membres, bénéficiaires du mercato des médiacrates analysé sur notre site et mis en images dans le film.
Et sans reprendre son souffle, Giesbert poursuit : « Qu’est-ce qui est important dans la presse ? C’est l’indépendance. C’est ce mot. Et là d’ailleurs quand je vois des journalistes qui sont notoirement indépendants comme Jean-Pierre, Elkabbach, Laurent Joffrin, tout ça, qui sont traités plus bas que terre, c’est extrêmement choquant. C’est-à-dire que ce dont on a besoin, ce dont souffre le journalisme aujourd’hui, l’image de la presse c’est qu’elle n’apparaît pas indépendante. »

Avouons notre incapacité de dire un mot sur la peuplade des « tout ça ». Passons – provisoirement - sur Laurent Joffrin, ce réformateur permanent de la gauche que le film brocarde pour sa très déférente impertinence à l’égard de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy ! Mais Jean-Pierre Elkabbach, ce baron d’Empire et cette voix du groupe Lagardère !

Et par la magie d’une transition sans rapport avec ce qui la précède, Giesbert tire la conséquence de ce qu’il trouve choquant : « C’est-à-dire que ce dont on a besoin, ce dont souffre le journalisme aujourd’hui, l’image de la presse c’est qu’elle n’apparaît pas indépendante. » Comprenne qui pourra ! La presse a-t-elle besoin de ce dont elle souffre ou souffre-t-elle de ce dont elle a besoin ? D’une bonne image ou d’une réelle indépendance ?

Connivences
Pourtant au début de l’entretien, Giesbert s’était risqué à une concession : le film « pose des vraies questions c’est évident, il y a la consanguinité, il y a ce mariage parfois entre politiques et journalistes qui me choque personnellement... […] Au départ le débat est sain, et c’est vrai qu’il y a des tas de problèmes qui se posent dans la presse, moi je suis souvent assez mauvais camarade, je n’hésite pas à poser ces problèmes. » Concession aussitôt annulée. À Émilie Aubry qui le coupe pour lui demander s’il est « consanguin aussi », Frantz Olivier Giesbert répond : « […] Je crois que la connivence est nécessaire souvent quand on cherche des informations... [...] »

Et quelques minutes plus tard, on entend ce renouvellement troublé et troublant de la même audace critique : « […] je trouve qu’il reste tout de même quelque-chose de juste dans le film, mais qui est mal développé, et qu’on peut développer aussi ; c’est, disons, la relation parfois trouble entre le journalisme et le pouvoir, parce que le journalisme, il a besoin du pouvoir pour avoir des informations, même si c’est un de ses… bon. » Et à l’évocation du moindre exemple de cette « relation trouble », Giesbert, finement, tranche : « C’est très con ! … C’est très con ! … C’est très con ! … C’est très con ! »
* * *
Ce n’était pas tout. Mais tout le reste, à quelques banalités près, fut du même acabit, chacun défendant son os : qui, d’économiste officiel, qui, de sociologue officieux, qui, d’éditocrate patenté, renvoyant les « sensibilités différentes », comme cela fut dit, à leur purgatoire ou à Internet.
Henri Maler, avec un collectif d’Acrimed

- Cet article n’aurait pas pu être rédigé sans la transcription (partagée, car c’est long et fastidieux) réalisée par Sophia Aït Kaci, Vivien Bernard, Vincent Bollenot, Jérémie Fabre, Jean Pérès et Laure Simon.
Transcription (quasi) intégrale
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Cette transcription vous est offerte gratuitement. C’est l’occasion de rappeler qu’Acrimed est une association de militants bénévoles qui ne vit, pour l’essentiel, que par des dons et d’adhésions ! Scoop : il nous manque 40 000 euros. Les dons, c’est par ici et les adhésions, c‘est par là.

Notes

[1] Première diffusion, le 4 mai 2014.
[2] Jean Gadrey, sur son blog et sous le titre « Élie Cohen, « chien de garde » dans le déni et la caricature » a déjà dit tout le bien que l’on pouvait penser de la prestation d’Élie Cohen. Tout le bien ou presque...
[3] Selon Laurent Mauduit (qui pourtant ne pense pas grand bien du film lui-même comme on l’a relevé ici même), dans Les Imposteurs de l’économie, éd. Jean-Claude Gawsevitch, 2012, p. 60-61.
[4] Ici, en 2003 Ou encore dans ce compte-rendu d’un livre, en 2007. Ou encore là, en 2012.

Nouvelles manifestations anti-Mondial au Brésil


Aux cris de "Hé Fifa, retourne en Suisse !", quelques milliers de manifestants ont bloqué la circulation jeudi dans plusieurs grandes villes du Brésil à 28 jours du Mondial, notamment à Sao Paulo où des incidents ont éclaté dans la soirée.
 
A Sao Paulo, ville du match d’ouverture du Mondial le 12 juin, la police a dispersé en début de soirée, avec des gaz lacrymogènes, un groupe de manifestants qui avaient enflammé des barricades. Des images aériennes de TV Globo montraient quelques casseurs en train de saccager un concessionnaire d’un fabriquant automobile partenaire officiel du Mondial. Au moins 20 manifestants ont été interpellés avant d’être relâchés pour 13 d’entre eux. Deux photographes de presse ont été légèrement blessés.

A Rio de Janeiro et Brasilia, la police a également fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des petits groupes de manifestants. Les anti-Mondial brésiliens avaient convoqué des manifestatations sur les réseaux sociaux pour mesurer leur capacité de mobilisation à l’approche de la coupe du Monde.
Les manifestations ont réuni en tout environ 10 000 personnes à Sao Paulo, Rio, Brasilia, Belo Horizonte, Porto Alegre et Manaus. Encadrées de très près par les forces de l’ordre, elles se sont déroulées très majoritairement de façon pacifique et même festive, autour du slogan "Coupe sans le peuple, me revoilà dans la rue !". Les principales manifestations ont eu lieu dans la mégapole de Sao Paulo, où plusieurs cortèges tout au long de la journée, ont réuni 6 000 personnes, selon les autorités. Dans la matinée, quelque 3 000 membres du Mouvement des travailleurs sans toit (MTST) avaient brûlé des pneus aux abords du stade Itaquerao, où aura lieu le match d’ouverture Brésil-Croatie. A Recife (nord-est) où la police militaire (PM) est en grève depuis trois jours, certains habitants en ont profité pour piller des magasins. Plusieurs personnes ont été arrêtées.

"Fifa, go home"
A Rio, 700 manifestants, certains enroulés dans des drapeaux brésiliens, ont protesté devant la gare Central do Brasil. Ils ont brûlé un énorme billet symbolique d’entrée pour un match aux cris de "Fifa go Home !". A Brasilia, 200 manifestants se sont concentrés près de la gare routière. "Dilma, écoute, pendant la Coupe il y aura de la lutte", scandaient les protestataires. "Le peuple n’a pas accès à la Coupe et tout cet argent public aurait dû être investi ailleurs. La seule façon de changer le pays est de descendre dans la rue", a déclaré à l’AFP Karina, une étudiante de 19 ans, membre d’un groupe féministe à Sao Paulo.
Parmi les autres organisations ayant appelé à manifester jeudi figurent les Comités populaires de la Coupe, qui s’opposent aux entraves aux droits de l’homme dans l’organisation du Mondial, et le mouvement étudiant "Passe livre" (MPL). Ce dernier lutte pour la gratuité des transports et avait été à l’origine de la fronde sociale masssive de juin 2013 au Brésil, en pleine Coupe des Confédérations. "Il n’y a pas de quoi paniquer à l’idée d’accueillir trois millions de touristes brésiliens et 600 000 étrangers" dans le pays pendant le Mondial, a assuré le ministre des Sports, Aldo Rebelo, dans une audience au Sénat jeudi. La présidente Dilma Rousseff a assuré de son côté, lors d’une cérémonie publique, que les Brésiliens "sauront très bien recevoir leurs visiteurs".
L’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), parrain politique de la présidente, candidate à la réélection en octobre a déploré que la coupe de soit "politisée". "Le pays est prêt pour organiser une grande Coupe du Monde", a affirmé Lula qui avait obtenu en 2007 le droit d’organiser le Mondial.

Grèves en série
La présidente Rousseff, favorite à sa réélection en octobre bien qu’en baisse dans les sondages, est confrontée à un scénario complexe à l’approche du Mondial et des élections générales d’octobre, propices à l’éclosion de grèves sectorielles. Après une grève des conducteurs d’autobus à Rio au cours de laquelle 708 autobus ont été saccagés, apparemment par des grévites, les professeurs des écoles publiques de Rio sont en grève depuis lundi, ainsi que les fonctionnaires du ministère de la Culture. A Recife (nord-est) les policiers militaires et agents pénitentiaires sont en grève depuis mercredi alors que la police fédérale, qui contrôle notamment l’accès aux frontières, a menacé de garder les bras croisés pendant le Mondial, avant finalement de renoncer.
En juin 2013, une fronde sociale massive avait ébranlé le pays contre les sommes colossales investies dans la construction des stades au détriment des services publics.

Les pseudo-révoltés !

Les antifas : faux rebelles, vrais collabos

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Les élites politiques peuvent compter sur de précieux auxiliaires dans leur sale besogne de flicage du web : les antifas. Généralement issus de la petite-bourgeoisie, sans culture politique ou presque, peu ou mal organisés, leurs méthodes basées sur les attaques délatrices et calomnieuses ad hominem les rapproche des extrémistes sionistes. Leurs buts également : s’attaquer à ceux qui résistent au mondialisme, à l’impérialisme, au sionisme et à l’entreprise de démolition des acquis sociaux de l’après-guerre mise en œuvre par la classe dominante. Ils sont agressifs et peuvent être violents à l’occasion. Ce premier mai, ils ont agressé le groupe des militants de l’Union Populaire Républicaine présents à la Bastille, faisant ainsi le jeu de l’oligarchie européiste et de leurs représentants politiques. Les antifas sont les idiots utiles du capitalisme.
Les antifas ne constituant pas à proprement parler une structure organisée mais une constellation de groupuscules, bien que quelques tentatives de regroupement aient été faites notamment à travers le collectif REFLEXe ou le site d’informations La Horde, le terme de « mouvance » convient mieux pour les caractériser. Sans porte-parole, sans programme politique, la nébuleuse antifa relève davantage de la milice que du parti politique.
Quelles sont les cibles des antifas ? le grand patronat ? l’UMPS ? les fauteurs de guerre ? l’extrême-droite néoconservatrice islamophobe ou identitaire ? rien de tout cela, les antifas combattent justement ceux qui s’attaquent avec sérieux et méthode à l’impérialisme : les dissidents, les antisionistes, les nationalistes progressistes ou souverainistes et les vrais communistes, en particulier le Comité Valmy et le PRCF qualifiés de nationaux-communistes. Voyant des staliniens partout, ils vont jusqu’à s’attaquer à la gauche altermondialiste ! On trouve dans la liste noire des sites "conspis" ou d’"extrême-droite" (les deux termes sont utilisés indifféremment) pêle-mêle identitaires, gaullistes, anti-impérialistes ou anti-capitalistes. Les vrais journalistes, militants ou essayistes résistants à l’Empire sont en première ligne : des nationalistes comme  Alain Soral, Frédéric Chatillon, Serge Ayoub ou encore Emmanuel Ratier – dont ils ont vandalisé à plusieurs reprises la librairie dissidente, faut-il le préciser sans suites judiciaires… –, mais aussi  Jean Bricmont,  Thierry Meyssan, Jacques SapirAnnie Lacroix-Riz ou encore Michel Collon, dont les lignes politiques sont pourtant sensiblement différentes, sont leurs bêtes noires. Très logiquement, les antifas concentrent leurs attaques sur les dirigeants étrangers qui résistent à l’impérialisme étasunien ou israélien, Bachar el-Assad , Hugo Chavez ou Vladimir Poutine en particulier, épargnant en revanche les monarchies sanglantes du Golfe, l’État d’Israël et l’Ukraine nazie. La théorie de l’Axe du Mal (à géométrie variable) a trouvé là des adeptes convaincus. Dès lors on ne s’étonnera guère qu’une partie de leurs financements leur vienne de la CIA.
Autre cible privilégiée : l’"antisémitisme de gauche" autrement dit les pro-palestiniens et les anti-impérialistes qui, obnubilés par la défense de l’Islam, sous-estimeraient ou nieraient totalement l’importance de l’antijudaïsme puis de l’antisémitisme moderne dans les pays qui se disent musulmans et son influence dans les métropoles occidentales… alors que le sionisme a défendu le droit pour les victimes du judéocide de bénéficier d’une protection étatique fiable après 1945 ; a revendiqué le droit historique de la communauté juive de Palestine à ne pas en être chassée par les nationalistes palestiniens ou arabes ; se réclame du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, comme n’importe quel mouvement de libération. No comment…
Beaucoup de confusion idéologique. La mouvance antifa est caractéristique du recul de la conscience de classe ouvrière propre au stade de dégénérescence du capitalisme, favorisant le développement de mouvements petit-bourgeois radicaux majoritairement implantés dans la jeunesse lycéenne ou estudiantine et totalement coupés du prolétariat et des travailleurs. Ils n’ont d’antifascistes que le nom (en raccourci) et sont bien loin de la vraie tradition antifasciste organiquement liée au mouvement communiste international, qui était celle de la Résistance au nazisme ou au franquisme. Leur "fascisme" est une notion bien élastique qui sert à couvrir en réalité une défense camouflée du système. Leur combat est même éloigné de celui de leurs aînés du SCALP des années 1980-90, qui avait au moins le mérite d’être antisioniste et de s’opposer au CRIF ou à la LDJ. Farouchement anticommunistes et proches des néoconservateurs, leur action ne s’appuie pas sur une analyse de classe qui mettrait à nu les ressorts du Nouvel Ordre Mondial afin de comprendre son fonctionnement (toute analyse un tant soit peu construite se voit de facto assimilée au conspirationnisme donc à l’extrême-droite) mais se réduit à des campagnes médiatiques haineuses contre des personnes ou des groupes – tandis que de leur côté ils cultivent avec soin l’anonymat, on n’est jamais trop prudent… – , avec pour seuls arguments l’amalgame, l’insinuation, le procès d’opinion ou les manipulations grossières. Les sites Conspiracy Watch et Indymedia se sont fait les spécialistes de ce genre de bidonnage.
Les personnes ou les groupes visés par les antifas sont ceux qui combattent le Nouvel Ordre Mondial dans toutes ses dimensions (la dictature de la finance, le lobby sioniste, le libéralisme économique, l’atlantisme ou l’impérialisme de l’Union Européenne) ce qui fait des antifas des alliés objectifs du pouvoir politico-médiatique. Rebelles les antifas ? en tout cas, pas lors de leurs rassemblements de soutien à la loi sur le "mariage pour tous" ni dans leur campagne contre Dieudonné où ils se sont alignés sagement sur la politique du gouvernement et sur celle des préfets qui ont fait le choix de l’interdiction de ses spectacles. La presse mainstream, dont les cibles sont identiques aux leurs, n’est d’ailleurs pas ingrate avec eux, ayant défendu systématiquement la version favorable aux antifas lors de l’affaire Clément Méric alors que les circonstances exactes et les causes de sa mort sont à ce jour  encore incertaines.
Derrière la lutte factice contre la "menace fasciste" aujourd’hui totalement illusoire se cache en réalité une attaque en règle contre le souverainisme assimilé de facto à l’extrême-droite. Or la nation est aujourd’hui le seul point d’appui pour la défense des conquêtes sociales et le développement des luttes de classe, ce qui explique que le maillon national est justement pour l’entreprise mondialiste le verrou à casser. François Asselineau, Etienne Chouard ou Pierre Lévy sont rangés dans le même sac facho-complotiste alors que le premier est issu de la droite républicaine, le second est altermondialiste et le troisième gaullo-communiste, rédacteur en chef de la revue Bastille-République-Nation (qualifiée de Rouge-Brune). Mais tous trois ont en commun la volonté de restaurer l’indépendance économique, financière et politique de la France…
Loin d’être des rebelles comme ils le prétendent, les antifas constituent une véritable milice au service de la réaction et du pouvoir, expliquant l’étrange impunité de fait dont ils bénéficient malgré les violences et les déprédations qu’ils commettent régulièrement dans les manifestations comme dernièrement à Nantes où ils ont joué le rôle traditionnel de casseurs. “Les fascistes de demain s’appelleront eux-mêmes antifascistes"… sans doute attribuée à tort à Winston Churchill, cette phrase est en tout cas curieusement prémonitoire.

NdB : Excellent article et une analyse qui me plait ; une bonne raison de lire les ouvrages de ce journaliste

 

 

 

 

Nicolas Bourgoin

Nicolas Bourgoin, né à Paris, est démographe, docteur de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et enseignant-chercheur. Il est l’auteur de trois ouvrages : La révolution sécuritaire (1976-2012) aux Éditions Champ Social (2013), Le suicide en prison (Paris, L’Harmattan, 1994) et Les chiffres du crime. Statistiques criminelles et contrôle social (Paris, L’Harmattan, 2008).

Surveillance de masse : Graves complicités françaises publiques et privées


 















Par La Quadrature du net, le 24 mars 2014

Depuis mai 2013, notamment grâce aux documents fournis par le lanceur d’alerte Edward Snowden, les révélations concernant les pratiques extra-légales des autorités françaises en matière de surveillance des communications Internet se multiplient. Après le vote de la loi de programmation militaire fin 2013 et les dernières révélations concernant la collaboration entre les services de renseignement et l’opérateur Orange, le gouvernement doit mettre fin à son silence assourdissant pour permettre la tenue d’un débat démocratique sur l’étendue des pratiques de surveillance. Au delà, la France doit œuvrer à réformer sa législation afin de respecter le droit international en matière de protection de la vie privée.
Dans son édition du 21 mars dernier, Le Monde s’appuie sur les documents fuités par Edward Snowden pour lever un peu plus le voile sur les pratiques des autorités françaises en matière de surveillance d’Internet. Le journal met notamment en exergue la collaboration de l’opérateur Orange et les services de renseignement français, lesquels disposeraient « d’un accès libre et total à ses réseaux et aux flux de données qui y transitent » en dehors de tout cadre légal. Ces informations témoignent des dérives auxquelles aboutit le passage au secteur privé des hauts fonctionnaires en charge de fonctions régaliennes liées à la sécurité nationale. Elles s’ajoutent aux informations déjà publiées concernant notamment le transfert massif de données entre les services français et la NSA américaine (accord LUSTRE), ou la mise en place d’un large dispositif d’interception des flux circulant sur les réseaux internationaux avec l’appui d’entreprises comme Alcatel-Lucent ou Amesys. Le Monde indique être en possession de nombreuses pièces encore inexploitées et à partir desquels ses journalistes poursuivent leur travail d’investigation.
Alors que depuis plus de huit mois est détaillée l’étendue des pratiques de surveillance d’Internet par les États-Unis et le Royaume-Uni, mais aussi par leurs alliés comme la France ou l’Allemagne, l’absence de toute réaction politique substantielle au niveau français est révélatrice de l’hypocrisie des autorités. Ainsi, le président de la République François Hollande s’est adonné à de ridicules gesticulations politiques en réclamant sans succès un accord encadrant les pratiques d’espionnage des dirigeants entre les États-Unis et les pays de l’Union européenne et en appuyant l’appel d’Angela Merkel à l’édification d’un « Internet européen ». Pour autant, il se refuse à soutenir la seule mesure de poids immédiatement applicable et efficace pour œuvrer à la protection des données personnelles des citoyens européens, à savoir la suspension de l’accord « safe-harbor » entre l’Union européenne et les États-Unis, et que défend le Parlement européen.
Quant au gouvernement, le lancement de son opération de communication politique pour vanter son action dans le domaine numérique ne doit tromper personne : le projet de loi sur les « libertés numériques » promis il y a un an s’annonce comme un texte avant tout répressif (le mot « liberté » semble d’ailleurs avoir opportunément disparu de son intitulé), tandis que le premier ministre Jean-Marc Ayrault se fait l’avocat de politiques inconséquentes en matière de chiffrement des correspondances électroniques. Dans le même temps, les responsables politiques français ont l’audace de se doter d’une législation d’exception en matière de surveillance d’Internet au travers de la scandaleuse Loi de programmation militaire, tout en refusant de collaborer avec la commission d’enquête du Parlement européen consacrée aux révélations d’Edward Snowden[1]. Ce jeu de dupes doit cesser.
« Depuis des mois, l’exécutif français s’enferme dans un silence assourdissant pour échapper au débat démocratique sur la surveillance d’Internet. Cette position n’est plus tenable au vu des éléments qui s’accumulent et qui démontrent l’inquiétante fuite en avant dans ce domaine. Il est grand temps que l’ensemble des acteurs institutionnels – qu’il s’agisse de François Hollande, du gouvernement, du Parlement, de l’autorité judiciaire ou même de la CNIL – soient mis devant leurs responsabilités pour que ces graves violations des droits fondamentaux cessent et que leurs responsables soient condamnés », déclare Félix Tréguer, cofondateur de La Quadrature du Net.
« Au delà d’un débat inévitable sur la surveillance d’Internet et la nécessaire souveraineté sur nos infrastructures, la maîtrise de nos communications ne sera possible que par l’utilisation de logiciels libres, du chiffrement de bout en bout et de services décentralisés. En parallèle, une réforme législative s’impose afin que la France respecte le droit international et que les services de renseignement fassent l’objet d’un contrôle adéquat », conclut Benjamin Sonntag, cofondateur de La Quadrature du Net.
[1] Le rapport de la commission d’enquête du Parlement européen, adopté le 12 mars dernier, indique ainsi que « les parlements britannique et français n’ont (…) pas souhaité participer aux travaux de la commission » et précise que les responsables de la DGSE et de la DGSI ont refusé d’être auditionnés.

NORMAN G. FINKELSTEIN: PUNI POUR AVOIR DIT LA VÉRITÉ

Lobbying et conséquences - Jeudi 21 Février 2008
New York Magazine Janvier 2008 Trad. Grégoire Seither
 
A 54 ans, Norman Finkelstein se retrouve dans la même situation qu’à ses débuts. L’été dernier, cet universitaire de gauche a été renvoyé de son poste de professeur assistant à l’université DePaul. Finkelstein est devenu célèbre en 2000 avec son ouvrage “The Holocaust Industry” dans lequel il critique en termes peu amènes les dirigeants de la communauté juive aux États-Unis. Selon Finkelstein un certain nombre parmi eux n’est rien d’autre qu’une “bande répugnante de ploutocrates, de gangsters et de profiteurs” dont le principal objectif n’est pas le bien de la communauté ou la lutte contre l’antisémitisme mais simplement l’extorsion de réparations et de compensations des gouvernements et entreprises européennes. 

Aujourd’hui Finkelstein se retrouve sans le sou, retiré dans le petit appartement qu’il a hérité de son père, sur Ocean Parkway. “C’est comme le fait de mourir,” dit Finkelstein. “Vous ne cessez de vous dire qu’un jour vous allez mourir, mais vous ne réalisez jamais la réalité de ce fait. Aujourd’hui je réalise que je n’aurais probablement jamais d’autre emploi comme enseignant et je n’ai pas encore vraiment réalisé ce fait.”

Il passe ses journées à lire et à poursuivre ses recherches en solitaire; ses étagères ploient sous le poids des livres de Marx, Lénine ou Trotski. Son piano est décoré de cartes postales de soutien envoyées par ses étudiants mais aussi une photo de lui et de Noam Chomsky (”mon plus proche ami”) torse nus, sur la plage de Cape Cod.

Dans sa jeunesse, Finkelstein était un révolutionnaire d’obédience maoïste. Il reconnait lui-même que sa carrière académique a été handicapée dès le départ à cause de ses orientations politiques. Il a mis 13 ans à obtenir son doctorat à Princeton, étant donné qu’aucun professeur ne voulait se charger de diriger sa thèse, une analyse (déjà) des fondements du Sionisme. Quand il a enfin réussi à soutenir sa thèse et obtenir son doctorat, aucun de ses professeurs n’a voulu le recommander pour un poste de maitre-assistant. Il a donc passé plusieurs années comme chargé de cours précaire, dans plusieurs universités - Brooklyn College, Hunter, et New York University, gagnant rarement plus de 20 000 US$ par an.

Quand il a été embauché à l’université DePaul, il y a six ans, sa situation s’est améliorée. Mais le succès de son ouvrage “The Holocaust Industry”, devenu un best seller en Allemagne et traduit dans plus de 20 langues, l’a fait connaître et a mobilisé les critiques contre lui. A Harvard, Alan Dershowitz a mené une campagne féroce et violente contre lui, compilant un dossier visant à démontrer les “cas les plus clairs et les plus choquants de la malhonnêteté de Finkelstein”.

Malgré cela, son département et son université proposèrent de le titulariser. Mais la commission des promotions et titularisations de l’université vota à 4 contre 3 le non renouvellement de son contrat. Le président de DePaul aurait pu faire basculer le vote avec sa voix mais refusa de le faire.

Le coup fut dur pour Finkelstein, qui a perdu presque dix kilos depuis l’été. “Les gens m’ont vu dépérir,” dit-il. Sur le campus, les étudiants se mobilisèrent, un groupe d’étudiants organisa une grève de la faim; Chomsky et d’autres vinrent à sa rescousse. L’un de ses collègues lui offrit un CD avec une compilation de morceaux comme “I Will Survive” (je survivrais) et “What’s Goin’ On?” (qu’est ce qui se passe ?).
J’adore depuis longtemps les Negro spirituals,” explique Finkelstein. “A la fin j’avais toujours cette chanson dans la tête, ‘Etais-tu là, quand ils ont crucifié le Seigneur ? Etais-tu là ?’ C’est comme cela que je me sentais. A la fin les attaques contre moi étaient tellement violentes et basses, que j’étais comme crucifié.” Fils de survivants du Ghetto de Varsovie et des camps de la mort nazis, Finkelstein à grandi dans le quartier de Borough Park puis à Mill Basin, ou il fréquentait, à quelques années de différence, la même école que Chuck Schumer. Il a grandi dans un milieu athée, ses parents ayant perdu la foi après la guerre.
Le quartier où il habite et son immeuble sont à forte composante juive. Un ami du père de Finkelstein l’aborda un jour dans le halle et l’implora de se calmer : “Il m’a dit, ‘Norman, tu ne rajeunis pas et toutes les maisons de vieillard sont dirigées par des juifs. Si tu ne te calmes pas, un jour tu n’auras plus nulle part où aller’.”
http://libertesinternets.wordpress.com/ http://libertesinternets.wordpress.com/ 

NdB : J'ai énormément aimé son livre paru en 2001 et je suis triste de découvrir comment on a pù détruire la vérité portée par ce politologue émérite, grand ami de Noam Chomsky (dont j'aime beaucoup les prises de position). D'où mon besoin, tardif, de faire suivre cet article :

La solution américaine en Palestine selon Norman Finkelstein 
 (source Médiapart 27 janvier 2014)

Norman Finkelstein (américain et fils de juifs survivants du ghetto de Varsovie), suit depuis longtemps le drame de la Palestine.
Il livre son analyse des pourparlers en cours entre les Etats-Unis et Israël d'une part, et les dirigeants palestiniens d'autre part (dirigeants palestiniens qui ne sont pas des dirigeants au sens démocratique du terme, mais ceux que les occidentaux laissent parler au nom des Palestiniens) .
Ce qui suit est donc une série d'hypothèses faites par Norman Finkelstein à partir de ce qu'il observe et de ce qu'il sait des différents acteurs et de la situation extrêmement déséquilibrée.

Les principaux points de seront, selon Finkelstein, d'abord actés par un accord-cadre probablement signé "dans les six derniers mois du mandat du Président Obama". Ensuite, pour appliquer cet accord, il faudra sans doute des tractations entre les partis en Israël, pour former une nouvelle coalition israélienne, et mettre en place un un gouvernement israélien d’unité nationale.
Les États-Unis et l’Union Européenne auront d'après Finkelstein, "trois ans pour adoucir les Palestiniens, serrant bien fort les vis économiques, mais pas au point de provoquer l’effondrement de tout l’édifice".

Les principaux points de l'accord que vont imposer les Etats-Unis comprennent la reconnaissance du Mur* construit par Israël comme frontière entre Israël et l'état palestinien et l'impossibilité du retour des réfugiés palestiniens (qui sont dans des camps dans les états voisins : Liban, Jordanie, Syrie etc..).

EXTRAITS DE L'INTERVIEW DE FINKELSTEIN regroupés par thèmes :

- L’annexion des blocs de colonies est désormais une affaire conclue.
L’accord-cadre ne parlera probablement que d’échanges de territoires en termes de pourcentages, et insinuera simplement – tout comme les Paramètres Clinton – l’annexion par Israël des grands blocs de colonies sans divulguer les détails précis. Mais il est frappant de constater que dans l’ensemble des discussions au cours des dernières semaines, Ma’ale Adumim – c’est-à-dire le plus grand bloc de colonies qui divise effectivement la Cisjordanie en deux – n’a même pas été évoqué. Parce que cela a déjà été résolu, en faveur d’Israël.

Il n’y a pas de raison évidente qui empêche la conclusion d’un accord par lequel une nouvelle frontière est dessinée entre Israël et les Territoires palestiniens, surtout si un tel accord est ratifié par le Conseil de sécurité des Nations Unies, ce qui sera presque certainement le cas. Israël a les moyens et la volonté d’imposer cette nouvelle frontière. En effet, elle est déjà un fait, sauf sur le plan juridique. Un règlement politique couronnerait les faits déjà existants sur le terrain du joyau de la légalité. Il s’agit d’une étape importante, à savoir la transformation d’un Mur illégal en une frontière permanente internationalement reconnue ; et ce n’est pas hors de la portée d’Israël. A partir de là, quelles revendications pourront avoir les Palestiniens au-delà de cette frontière ? Aucune.
Cela transformerait ce qui constitue actuellement des colonies juives illégales en des villes israéliennes ordinaires ; Israël pourrait légalement confisquer des terres palestiniennes et expulser les Palestiniens de leurs maisons.

Au moment où le Mur est rebaptisé « frontière », les colonies derrière elle deviennent un problème clos. Elles sont le territoire souverain d’Israël. Et bien sûr, la plus grande partie du monde sera heureuse d’être débarrassée du conflit israélo-palestinien. Ils seront heureux lorsque l’accord sera signé. Que ferez-vous alors ? Un boycott du monde par l’Association des études américaines ?

Les sondages de l’opinion publique israélienne montrent que la majorité des Israéliens seraient favorable à la proposition probable de Kerry. La ville d’Hébron devra être évacuée. Bien sûr, il y aura l’angoisse israélienne habituelle, mais elle ne sera pas difficile à calmer. L’armée israélienne peut tout simplement se retirer et dire aux quatre cents colons juifs fanatiques, « Vous voulez rester ? Vous pouvez rester – tous seuls, au milieu des 150 000 musulmans d’Hébron. »

- Sur la question de l’ « Etat juif », l’accord sera probablement conclu sur la formule : Israël comme l’Etat du peuple Juif et de ses citoyens, la Palestine comme l’Etat du peuple Palestinien et de ses citoyens. Il offrira une protection (juridique) aux citoyens Palestiniens d’Israël, mais niera le droit au retour des réfugiés Palestiniens, la question qui importe véritablement pour Israël.

Je pense que les menaces émanant actuellement de l’Europe sont coordonnées avec Kerry, afin de transmettre l’idée, non pas tant au gouvernement israélien (malgré toute sa frénésie, Netanyahu est partant), mais aux Israéliens récalcitrants, que le projet de colonisation en dehors du Mur n’a aucune perspective d’avenir.

Liberman veut être le prochain premier ministre israélien Et il va donc accepter l’accord de Kerry. Il a déjà manifesté son assentiment, et même son enthousiasme, la semaine passée. Il a également marmonné des propos évoquant le transfert des citoyens Palestiniens d’Israël vers un nouvel Etat Palestinien, mais ils n’auront aucune suite. Cela violerait les normes fondamentales du droit international en établissant le droit des États établis à redessiner les frontières intérieures afin de dénationaliser des minorités indésirables. Personne ne va accepter ça.


L'interview intégrale de Norman Finkelstein est ici :
http://algerienetwork.com/international/la-fin-de-la-palestine-interview-de-norman-finkelstein-par-jamie-stern-weiner/
L'interview originale en anglais sur le blog de Norman Finkelstein :
http://normanfinkelstein.com/2014/the-end-of-palestine-an-interview-with-norman-g-finkelstein/

Différentes cartes de la Cisjordanie ici indiquent la position du Mur en 2010 et la position de la ligne verte (on emploie communément le terme ligne verte pour parler des frontières de 1967:
http://rubinenc67.blogspot.fr/2010/07/palestine-par-les-cartes-v.html

Wikipedia emploie pour ce Mur l'appellation israélienne euphémisante de "barrière":
Long de 730 km, le parcours suivi par la barrière est complexe. La barrière suit la ligne verte, mais pénètre profondément à l'intérieur de la Cisjordanie10 pour intégrer des colonies juives11.
20 % du tracé est précisément sur la ligne verte12. Le reste empiète dans le territoire cisjordanien13,14 pour englober la majeure partie des colonies israéliennes ainsi qu'une partie des puits les plus importants de la région15. Elle s'écarte à certains endroits de plus de 23 kilomètres de la ligne verte. Son tracé sinueux explique cette longueur beaucoup plus importante que celle de la ligne verte, celle-ci faisant environ 320 km.
Des sections de la barrière sont construites sur des terres confisquées à des Palestiniens. Dans un compte rendu récent, l'ONU a précisé que le tracé le plus récent de la barrière prévoit davantage de segments construits sur la ligne verte elle-même en comparaison aux précédentes ébauches de tracé16

La presse allemande confirme que des mercenaires états-uniens se battent en Ukraine

 Source : lapresse.ca
 Publié le : dimanche 11 mai

Environ 400 mercenaires d’une entreprise américaine opèrent en Ukraine aux côtés des soldats et de la police ukrainienne dans des opérations contre les séparatistes prorusses, affirme le journal allemand Bild am Sonntag (BamS).
Selon des informations, basées sur des communications radio entre des centres de commandement de l’armée russe, interceptées par l’agence de surveillance américaine NSA et transmises ensuite aux services secrets allemands (BND), les mercenaires américains coordonnent et dirigent des opérations de guérilla contre les séparatistes prorusses autour de l’enclave de Slaviansk.
Ces 400 mercenaires travaillent pour Academi, plus connu sous son ancien nom de Blackwater, une entreprise de sécurité qui avait été privée de contrat par l’armée américaine en Irak après une fusillade sur des civils en 2007, précise le BamS.
Le journal précise toutefois ne pas savoir qui a passé le contrat avec Academi.
Le BamS rappelle que la Russie avait dénoncé il y a quelques semaines la présence de mercenaires américains aux côtés des troupes gouvernementales ukrainiennes, ce que l’ambassadeur américain à Kiev, Geoffrey Pyatt avait démenti mi-mars.
La semaine dernière, le BamS avait déjà révélé que agents de la CIA et du FBI aidaient Kiev à mettre un terme à la rébellion dans l’est de l’Ukraine et à mettre en place un dispositif de sécurité efficace, sans toutefois s’engager directement dans les affrontements.