Dans une interview avec le Financial Times, le ministre français des Finances, Michel Sapin, a appelé à un rééquilibrage des monnaies utilisées pour les règlements dans les transactions internationales. Sapin a fait les déclarations en marge des rencontres du Cercle des Economistes à Aix-en-Provence, où se sont réunies des grandes personnalités du monde des affaires français.
Il faisait allusion à l'amende à
laquelle la plus grande banque française, BNP Paribas, a été condamnée
par les autorités américaines parce qu’elle avait effectué des
transactions pour le compte de pays qui faisaient l’objet d’un embargo
américain.
Nous autres, Européens, effectuons des transactions en dollars, par exemple lorsque nous vendons des avions. Est ce que cela est nécessaire ? Je ne pense pas »
Sapin pense que ce rééquilibrage devrait
se faire non seulement pour l'euro, mais aussi pour les monnaies des
économies émergentes, qui sont de plus en plus impliquées dans le
commerce mondial. Le PDG de Total, Christophe de Margerie, a abondé dans
son sens, notant que « bien que le cours d’un baril de pétrole soit
donné en dollars, rien n’interdit aux raffineries de prendre ce cours et
en utilisant la parité de l’euro/dollar du jour donné, et de s’entendre
pour effectuer le paiement en euro ».
D'autres dirigeants du monde des
affaires français s’interrogent sur la condamnation de la BNP, estimant
qu’elle n’a pas violé de lois européennes. Sapin a promis de discuter de
cette affaire avec ses collègues européens à l’occasion d’un futur
sommet. Mais il n’a donné aucun détail de la façon dont il veut mettre
fin à l'hégémonie du dollar.
Les Français ne sont pas seuls. La semaine dernière, on a appris que les BRICS cherchaient à établir une alliance anti-dollar.
En plus de l’accord qu’ils ont conclu avec la Chine pour régler les
échanges commerciaux mutuels en yuan et en roubles, les Russes veulent
aussi créer un partenariat avec les autres BRICS pour établir un système
multilatéral faisant appel à leurs monnaies respectives pour échapper
au dollar.
Le
gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s’était déjà
demandé au cours du mois de juin s’il était nécessaire d’utiliser le
dollar pour les transactions entre l’Europe et la Chine. Il avait
spéculé que les sanctions contre la BNP risquaient d’encourager les
entreprises à cesser d’utiliser systématiquement le dollar. Enfin, la
Chine et la Corée du Sud ont récemment conclu un accord pour effectuer
les paiements de leurs échanges commerciaux dans leurs monnaies respectives.
Plus de la moitié des prêts et dépôts
dans le monde sont effectués en dollars, et une récente enquête sur les
5.000 milliards de dollars de valeurs qui sont échangés sur les marchés
des changes a montré que le dollar était utilisé dans 87% des
transactions. Malgré tous les efforts qu’elles font pour diversifir
leurs avoirs, les banques centrales du monde détiennent encore plus de
60% de leurs réserves en dollars en moyenne.
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