Triste constat au pays des affables

Nul n’est censé ignorer la réalité.
Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, et surtout ne rien faire, c’est désormais la règle d’or de nos « élites ».
Et pourtant, beaucoup de gens ont du mal à la regarder en face et à prendre les mesures appropriées.
Lorsque François Rebsamen, le plus lucide, semble-t-il, des ministres du gouvernement Valls, se hasarde à reconnaître qu’il y a des tricheries en matière d’assurance chômage, que la politique économique suivie actuellement se solde par un échec, ou encore qu’il faudra se tenir prêt à approfondir la réforme des retraites, il s’attire une volée de bois vert et se fait sévèrement recadrer par sa hiérarchie.
Lorsque Zemmour devient le prophète de malheur qu’il faut faire taire à tout prix afin que la France puisse continuer à se déliter tranquillement (on appelle ça, parfois, le « vivre ensemble »), i>Télé le retire de l’antenne. Rien de tel qu’une bonne mise au placard pour mettre hors d’état de nuire la voix dérangeante. Et comme ça ne suffit pas, on trouvera des officines subventionnées pour tenter de lui faire rendre gorge en justice au nom de l’antiracisme, alibi commode pour tant de lâchetés ou d’impostures.
Nous vivons dans ce qu’il est convenu d’appeler une démocratie. La liberté d’expression est une et indivisible. Mais ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, et surtout ne rien faire, c’est désormais la règle d’or de nos « élites », en dehors et à l’encontre desquelles la parole, toutefois, finit par se libérer. Pour elles, l’épreuve est rude, tant elles ont été habituées à régner sans partage.
Le président des États-Unis s’indigne à juste titre de la reculade de la firme Sony Pictures face au terrorisme verbal et électronique de la Corée du Nord. Il n’y a pas place outre-Atlantique, souligne-t-il, pour la censure. C’est vrai et c’est un privilège rare. Mais chez nous, elle est assumée, intériorisée, ou fièrement revendiquée par des « intellectuels » dont c’était, historiquement, l’honneur et la raison d’être que de se battre pour la liberté. Les temps ont bien changé… Choisiront-ils, l’année prochaine, d’interdire aussi, ou d’occulter médiatiquement, les futurs ouvrages de Houellebecq et d’Obertone si ces livres leur paraissent inconvenants ?

Journaliste
Journaliste à Radio France, spécialiste en revue de presse, ancien attaché culturel au Japon. 
 
NdB : Pourtant très déçu de la mouvance Gaucho-Bobo de France Inter, j'ai toujours aimé l’honnêteté intellectuel de Fabrice Le Quintrec.... Ici, il ne m'apprend rien mais il le dit bien !

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