Pourquoi il faut dire Stop au Grand marché transatlantique

Bientôt l'Europe vendue aux multinationales (article paru sur www.toupie.org)

"Quelque chose doit remplacer les gouvernements,
et le pouvoir privé me semble l'entité adéquate."

David Rockefeller - Newsweek - 1er février 1999


C'est sans doute un hasard si le sigle TAFTA (Transatlantic Free Trade Area), quand il est prononcé à la française, est un homophone du mot "taffetas", étoffe de soie très mince et tissée comme de la toile. Un bel habillage en apparence, mais qui risque de faire de l'Union européenne une proie facile pour les multinationales quand elle sera prisonnière de la toile dont elle veut elle-même se parer.

Qu'est-ce qui se cache-t-il derrière ce TAFTA, appelé aussi plus simplement le "Grand Marché Transatlantique" ?
La réponse est simple, comme nous allons le voir : un ultralibéralisme total au profit des multinationales.

Les partisans du TAFTA

Outre la Commission européenne, sont favorables à ce traité, les organisations patronales ainsi que, au niveau du parlement européen, le Parti populaire européen, le Parti socialiste européen (avec des réserves), l'Alliance des libéraux, les Démocrates pour l'Europe et les Conservateurs et réformistes européens.

Le manque de transparence du processus de négociation

Pour l'Union européenne, les négociations ont lieu sur la base d'un mandat adopté par le conseil des ministres du commerce des Etats membres de l'Union. Ce mandat qui n'a pas été rendu public a cependant fait l'objet de fuite et a été publié sur Internet. Les négociations sont secrètes. Ni les citoyens, ni même les parlementaires, n'ont accès aux documents préparatoires ou aux comptes rendus des négociations, tandis qu'en coulisse, les groupes d'intérêt et de pression (lobbies) se montrent très actifs.
    "Que des élus mandatés pour représenter les peuples souverains des vieilles démocraties occidentales se résignent à un tel abandon de souveraineté dans le plus grand secret, relève au mieux de la déception, au pire de la trahison, même si l'on commence à prendre l'habitude de voir bafouer la souveraineté du peuple quand il n'est par exemple tenu aucun compte du résultat d'un vote qui n'est pas conforme aux attentes des oligarchies dirigeantes, comme cela a été le cas dans plusieurs pays européens, dont la France, pour la ratification du traité de Lisbonne."
    Jean-Paul Vignal - pauljorion.com - Le libre-échange vaut-il qu'on lui sacrifie la démocratie ? - 19 janvier 2014

    "- Les représentants des multinationales étaient présents à 119 des 130 réunions de préparation
       quand ceux de la société civile n'y ont été conviés que 11 fois.
     - Aucune consultation des peuples Européens
     - Absence du sujet dans la campagne électorale d'Hollande
     - Rôle prépondérant des lobbies à Bruxelles et à Washington
     - Texte en français du traité mis à la disposition des députés européens en mai 2013 seulement."

    Assemblée citoyenne de Chambéry - acfdg-chambery.fr - "Partenariat Transatlantique pour le Commerce et les Investissements (PTCI)" - 7 avril 2014

Une croissance plus soutenue

Les initiateurs de ce traité en attendent une croissance économique pour les deux parties. Une étude commandée par la Commission européenne évalue l'impact de la suppression des barrières douanières et des barrières non tarifaires à un gain compris entre +0,27 et + 0,48 % de PIB pour l'Union européenne, et entre +0,21 et +0,39 % pour les États-Unis. Vraiment époustouflant !
    "... le commissaire européen au commerce Karel de Gucht a largement exagéré les bénéfices attendus d'un possible accord transatlantique. Selon une étude financée par l'industrie, les retombées attendues en termes de croissance sont de l'ordre de 1% du PIB, avec la création de "centaines de milliers d'emplois". Pourtant, l'étude d'impact réalisée par la Commission elle-même montre que l'impact sur la croissance en Europe serait plutôt de l'ordre de 0,1% sur dix ans. Soit une augmentation moyenne inférieure à 0,01% du PIB, ce que les économistes considèrent comme tout à fait trivial."
    Réseau Seattle to Brussels - attac.org - Un partenariat transatlantique pour le meilleur des mondes - 26 janvier 2014

La suppression des droits de douanes

Les droits de douanes sont déjà relativement faibles, sauf pour certains secteurs d'activité, notamment côté européen, que les différents Etats souhaitaient protéger (agro-alimentaire, textile, habillement, automobile). Leurs suppressions ne seront pas sans conséquence sur des pans entiers de l'activité économique qui risquent d'être déstabilisés. Exemple de l'agro-alimentaire :
    "Que se passerait-il si ces droits de douane étaient démantelés ? Face à la déferlante de produits agricoles américains, notre propre agriculture n'aurait d'autre possibilité que de s'engouffrer encore davantage dans un modèle agro-exportateur néfaste pour l'environnement et l'emploi. La Commission européenne reconnaît elle-même que les États-Unis souhaitent écouler une plus grande partie de produits alimentaires de base comme le blé et le soja (la plupart OGM). Ceci accentuerait encore les déséquilibres commerciaux et le renforcement en Europe du modèle d'alimentation animale maïs-soja, au détriment des prairies et protéines européennes, pourtant bénéfiques pour nos sols et l'environnement. La concurrence accrue aboutirait à la contraction des coûts de production, qui exigerait d'affaiblir les standards environnementaux, alimentaires, sociaux. Elle mènerait très certainement à une concentration des exploitations et à une spécialisation des régions, ainsi qu'à une réduction drastique des emplois agricoles."
    Aurélie Trouvé - attac.org - Le Grand Marché Transatlantique (TAFTA) : conséquences dans nos campagnes et nos assiettes - 9 décembre 2013

    "L'agriculture serait durement frappée. Les droits sont bien plus élevés en Europe dans des secteurs clés. J. Berthelot en fournit une analyse détaillée. Il conclut : "éliminer tous les droits sur le commerce entraînerait un séisme économique, social, environnemental et politique sans précédent, non seulement en Europe mais aussi, par ricochet, pour les pays en développement, surtout les pays ACP (Afrique/ Caraïbes/ Pacifique)."
    Jean Gadrey - alternatives-economiques.fr - Le grand marché transatlantique en deux pages - 11 avril 2014

La suppression des "barrières non tarifaires"

Il s'agit des règlementations et des normes en vigueur qui devront être progressivement harmonisées. Les Etats signataires devront s'engager à une "mise en conformité de leurs lois, de leurs règlements et de leurs procédures" avec les dispositions du traité. Il est à craindre une harmonisation vers le bas des normes et des règlements relatifs au commerce, comme on le constate dans les autres traités internationaux de ce type. Cela risque d'affecter de nombreux domaines. Exemples :
  • Alimentation : suppression de la labellisation OGM, des normes de traçabilité, ...

      "Le boeuf aux hormones, les poulets à la chlorine sont autorisés aux Etats-Unis et interdits en Europe. Qui s'alignera sur l'autre ? La Commission européenne vient de répondre en autorisant le nettoyage des carcasses de porc à l'acide lactique jusque-là interdit en Europe. Le but est de s'aligner sur les pratiques des Etats-Unis pour faciliter la négociation de l'accord de libre-échange."
      Gérard Filoche - marianne.net - Refusons d'engager les négociations pour un projet d'accord transatlantique - 27 mai 2013

      "Les États-Unis rencontrent des limites pour pénétrer le marché agroalimentaire français grâce aux réglementations sanitaires et environnementales existantes. Si demain ces normes disparaissent, la concurrence deviendra totalement inégale, nos assiettes seront envahies de mal bouffe et ce sera la fin de la paysannerie déjà bien mal en point."
      Martine Billard, coprésidente du Parti de Gauche - lepartidegauche.fr - Vous avez aimé les OGM, vous aimerez le poulet au chlore - 30 mai 2013

      "Il ne s'agit *que* de minimiser toute régulation, d'abaisser les normes et de donner des droits exorbitants aux entreprises transnationales. Ce ne sont pas des "exceptions", culturelles ou autres, qui peuvent enrayer la nocivité d'un instrument qui serait utilisé pour réduire le niveau de régulation européen jusqu'à celui, beaucoup moins élevé, des États-Unis, ouvrant la porte aux boeufs aux hormones et autres poulets au chlore."
      Susan George, membre du bureau de Nouvelle Donne - nouvelledonne.fr


  • Santé publique : remise en cause de normes sanitaires ou environnementales, assouplissement des règles de mise sur le marché des médicaments sur le modèle américain.

      "S'il était signé, le Tafta menacerait la protection de la santé en Europe. Les dangers sont multiples. C'est d'abord celui d'une harmonisation par le bas. Aux Etats-Unis, la logique industrielle qui prévaut dans l'agriculture s'appuie sur des modes de production très peu contrôlés, use et abuse des hormones de croissance et autres accélérateurs de croissance pour la viande bovine et porcine et dans l'élevage laitier. L'administration américaine entend bien utiliser le Tafta pour remettre en cause nos principes de précaution et d'évaluation des risques et imposer sa propre logique : tant que le risque n'est pas totalement avéré, le produit peut être mis sur le marché. C'est ensuite le danger de la reconnaissance mutuelle qui permettrait à des produits admis sur un marché d'obtenir un droit d'entrée automatique sur l'autre."
      Les invités de Médiapart - mediapart.fr - L'abus de libre échange peut nuire à votre santé - 25 mars 2014


  • Environnement : exploitation du gaz de schiste, normes environnementales moins contraignantes.

      "L'augmentation du commerce international entre les USA et l'UE, si elle a lieu effectivement, va augmenter mécaniquement les émissions de gaz à effet de serre. Ils sont évalués par la Commission européenne elle-même entre 4 et 11 000 tonnes, en contradiction totale avec les engagements de l'UE de les réduire.
      Par ailleurs, un grand nombre de mesures de libéralisation auront un impact très négatif sur la santé publique et l'environnement. D'une manière générale, les normes américaines en matière de santé publique et de sécurité alimentaire, par exemple, sont nettement en retrait par rapport à celles qui existent dans beaucoup de pays de l'UE. Si les normes américaines devaient s'imposer - ce qui est le cas le plus probable - les pays de l'UE connaîtraient une formidable régression."

      Jacques Nikonoff - m-pep.org - Etude sur le partenariat transatlantique - Chronique du 25 juin 2013

      "En Europe, Chevron [Le géant de l'énergie des Etats-Unis] veut "la protection la plus complète possible" des mesures gouvernementales "pour atténuer le risque associé aux projets de large échelle, à haut niveau de capital et de long terme [...] comme le développement de gaz de schiste". A cause de ses impacts environnementaux et sanitaires, plusieurs gouvernements de l'UE ont décidé un moratoire sur le développement du gaz de schiste (fracturation hydraulique). Le chapitre proposé dans le PTCI sur la protection des investissements donnerait pouvoir à des sociétés de l'énergie comme Chevron de contester ces mesures de précaution "afin d'obliger les gouvernements à s'abstenir de saper des espérances légitimes soutenues par des investisseurs", pour reprendre les termes de Chevron."
      Corporate Europe Observatory, Transnational Institute - Une déclaration transatlantique des droits des multinationales - 13 octobre 2013

      "Suite aux pressions de l'industrie pétrolière, les gouvernements du Canada et des États-Unis ont ainsi réussi à reporter et potentiellement affaiblir la directive européenne sur la Qualité des carburants (FQD). Malgré des démentis officiels, des demandes d'accès à l'information publique ont mis à jour des documents attestant des efforts de ces gouvernements pour saper cette législation européenne clé visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports. Si elle est mise en oeuvre correctement, cette directive permettrait de freiner l'importation et donc la production de sources de carburants très polluantes telles que les sables bitumineux, les schistes bitumineux et le charbon liquéfié."
      Raoul Marc Jennar - mediapart.fr - Les négociations TAFTA et CETA utilisées pour affaiblir la législation climatique européenne - 17 juillet 2014


  • Vie privée : moindre protection des données numériques personnelles.

      "Et dans Tafta, il sera question des données personnelles et de leur commerce. On entend par là tout un ensemble d'informations concernant la géolocalisation, le milieu social, les préférences culturelles, habitude de consommation, ou encore état de santé des personnes, parfois anonymisées, souvent pas du tout ... "On nous assure que les données personnelles seront exclues, que cela concernera uniquement les données commerciales, mais nous, nous considérons que 90% des données commerciales sont personnelles puisqu'elles servent notamment à cibler la publicité" expliquait au Sénat Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la CNIL. "On est très inquiets que nos données personnelles servent de monnaie d'échange contre un accord sur la libéralisation du marché des bananes ou je ne sais quoi"."
      Pierric Marissal - humanite.fr - Traité transatlantique : quels enjeux pour le numérique ? - 19 mai 2014


  • Protection sociale et droit du travail : remise en cause des conventions collectives dans les secteurs ouverts à la concurrence, nivellement par le bas du droit du travail.

      "Combiné avec la faiblesse écologique et sociale des coûts de production états-uniens, cet accord deviendra ainsi une machine à délocalisations. La Commission reconnait par exemple que cela entraînera une "baisse importante" de l'activité et de l'emploi dans la métallurgie. Cela aggravera le chômage. Et cela durcira la pression contre les protections sociales et les services publics. Barroso a ainsi expliqué que "80% des gains économiques attendus de l'accord viendront de la réduction du fardeau réglementaire et de la bureaucratie"."
      Laurent Mafféïs - .lepartidegauche.fr - Le retour du grand marché, 29 mai 2013

      "Dans le même temps, les récentes attaques de la commission européenne sur les salaires, dans le cadre de la crise de l'euro, démontrent les dispositions particulièrement menaçantes de l'UE à l'égard des normes en matière de travail. Le PTCI pourrait servir d'instrument pour réformer la législation du travail en Europe, et l'"harmoniser" avec celle des Etats-Unis. Celle-ci comprend par exemple une disposition anti-syndicale tristement célèbre, sous une dénomination trompeuse (The Right To Work), qui restreint systématiquement la liberté des employés de s'associer - avec des conséquences désastreuses pour leurs droits."
      Réseau Seattle to Brussels - attac.org - Comment le traité transatlantique menace l'emploi et les droits sociaux - 27 décembre 2013


  • Marchés publics : accès des entreprises américaines.

      "Les marchés publics des Etats-Unis sont réservés à 25 % à leurs PME. Un accord de libre-échange avec l'UE n'engagerait que l'Etat fédéral, pas les marchés publics des 50 Etats américains. La Commission européenne, de son côté, supprime à marche forcée toute restriction d'accès aux marchés publics des Etats-membres de l'Union européenne."
      Gérard Filoche - marianne.net - Refusons d'engager les négociations pour un projet d'accord transatlantique - 27 mai 2013

      "Maintenant, la Commission doit défendre cette approche ambitieuse [Ouverture des marchés publics aux PME] dans toutes les instances internationales où elle négocie au nom de l'UE. Tel doit donc être le cas pour les négociations en cours avec les Etats-Unis dans le cadre du projet d'accord transatlantique sur le commerce et les investissements (TTIP). Il faut, en effet, à tout prix, éviter que le modèle européen cherchant à promouvoir le rôle de levier des marchés publics pour une économie plus durable, soit remis en cause par le biais de contraintes internationales. Le danger est bien réel puisque le projet de traité transatlantique contient un chapitre sur les marchés publics qui risque de remettre en cause la capacité de l'UE de réglementer sur ces matières."
      Isabelle Durant - isabelledurant.eu - PME et marchés publics : note d'information sur la récente refonte de la législation européenne - 15 janvier 2014


  • Finance : moins de contraintes sur les activités financières.

      "L'influence du lobby financier est par ailleurs manifeste dans le cadre des négociations en cours entre les Etats-Unis et l'UE pour un traité de libre-échange et d'investissement. Avec le soutien de la Commission européenne et du gouvernement britannique, l'industrie financière souhaite remettre en cause les réglementations qui font barrière à ses activités de part et d'autres de l'Atlantique - quand bien même ces maigres barrières ont été érigées pour garantir un minimum de stabilité financière.
      Les banques souhaitent obtenir, à travers des négociations commerciales menées dans le secret, des concessions qu'elles auraient difficilement pu obtenir auprès de leurs régulateurs et la mise en place de règles mieux à même de protéger les intérêts des investisseurs et de l'industrie financière."

      Frédéric Lemaire - attac.org - Accord UE-US : menaces sur la réglementation financière, 14 février 2014

      "Aucune leçon n'a été tirée de la crise. Le projet demande la "libéralisation totale des paiements courants et des mouvements de capitaux". Les géants du crédit hypothécaire américain souhaitent pouvoir vendre leurs crédits douteux en Europe aux mêmes conditions que dans leur pays d'origine, et il en va de même pour les grandes compagnies d'assurance maladie, qui pratiquent massivement la segmentation des tarifs en fonction de l'état de santé des assurés, à l'opposé d'une vision mutualiste considérée comme une entrave à la libre concurrence."
      Jean Gadrey - alternatives-economiques.fr - Le grand marché transatlantique en deux pages, 11 avril 2014

  • Etc.

Une procédure de recours à l'arbitrage et la perte de souveraineté

Il est prévu, comme c'est le cas dans de nombreux traités de libre-échange, un dispositif de règlement des différends entre les entreprises et les Etats assuré par une juridiction indépendante (c'est-à-dire non démocratique) pour donner plus de poids aux premières face à la puissance publique. Les jugements rendus seront contraignants pour les Etats contrevenants ou récalcitrants car ils se situeront au-dessus de toutes les juridictions publiques, et donc au-dessus des constitutions.

Non seulement cela risque de réduire le pouvoir des Etats face aux intérêts des grandes entreprises, mais aussi de restreindre la capacité des Etats à mettre en place des législations défavorables aux intérêts des multinationales, c'est-à-dire d'empêcher nos élus de mettre des barrières pour protéger les citoyens et les consommateurs contre la rapacité des multinationales.
    "La proposition de la Commission concernant le règlement des conflits entre investisseurs et Etats dans le Partenariat transatlantique pour le commerce et les investissements (PTCI) autoriserait les compagnies américaines investissant en Europe à contourner les cours de justice européennes et d'attaquer directement l'UE et ses gouvernements devant un tribunal international ad hoc dès lors qu'elles estimeraient que les lois réglementant les domaines de la santé, de l'environnement, ou de la protection sociale interfèrent avec leurs profits. Les compagnies européennes investissant aux États-Unis auront le même privilège.
    A travers le monde, les entreprises transnationales ont déjà utilisé les organismes de règlement des conflits investisseurs-Etats et les accords sur le commerce et l'investissement pour réclamer des sommes vertigineuses en compensation de lois démocratiques prises dans le but de protéger l'intérêt public (voir ci-dessous). Parfois la simple menace d'une plainte ou son dépôt a suffi pour voir des législations abandonnées ou privées de substance. Dans d'autres cas, des tribunaux ad-hoc, c'est-à-dire un panel de 3 membres issus d'un club d'avocats privés et englués dans des conflits d'intérêts - ont ordonné que des milliards d'euros soient versés aux entreprises, milliards sortis de la poche des contribuables."

    Corporate Europe Observatory, Transnational Institute - corporateeurope.org - Une déclaration transatlantique des droits des multinationales - 13 octobre 2013

    "La Cnuced (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) a recensé, fin 2012, 514 conflits ouverts dans le monde sur la base des accords existants. Un exemple, parmi beaucoup d'autres : la société américaine Lone Pine exige 250 millions de dollars américains de compensation au Canada pour non-respect, selon elle, de l'ALENA. Le motif : la province du Québec a décrété un moratoire sur l'extraction de gaz de schiste, pour des raisons environnementales.
    Or le mandat de la Commission européenne prévoit d'aller très loin dans la "protection des investisseurs" et dans la mise en place, conformément aux voeux de multinationales qui supportent mal les tribunaux nationaux ou européens, d'"organes" privés ad hoc, plus accommodants car liés aux milieux d'affaires."

    Jean Gadrey - alternatives-economiques.fr - Le grand marché transatlantique en deux pages - 11 avril 2014

Incertitude sur l'applicabilité du traité aux niveaux des Etats des Etats-Unis

S'il est acquis que le traité s'appliquerait aux différents Etats de l'Union européenne, ce n'est pas le cas pour les différents Etats des Etats-unis, qui forment un Etat fédéral.
    "Un hiatus juridique entre l'Union européenne et les Etats-Unis :
    Une question fondamentale se pose en effet, elle tient à l'asymétrie juridique entre l'Union européenne et les Etats-Unis qui sont une fédération, si le Traité une fois ratifié, sera mécaniquement appliqué dans les 28 Etats membres, en sera-t-il de même pour chacun des Etats des USA, qui doués d'une grande autonomie juridique pourront chacun se soustraire à telle ou telle contrainte du Traité et dans tel ou tel secteur, comme ils le font déjà dans le cadre de l'ALENA (Accord de Libre Echange Nord Américain / USA, Canada, Mexique).
    Véritable tabou des communications sur le traité, cette question est pourtant des plus fondamentales, d'autant que si le PTCI est mis en oeuvre de la même façon que l'ALENA, cela ne pourra que renforcer les velléités europhobes et de surcroît anti-américaines, sur fond de nationalisme exacerbé, dopées maintenant à la potion PTCI."

    Patrick Gatines et Laure Pascarel - mouvementutopia.org - Le Partenariat Transatlantique Commerce & Investissement (PTCI) : le choix d'une politique de dé-civilisation - 24 mars 2014

En résumé : pour quelques hypothétiques fractions de point de croissance qui iront dans la poche des actionnaires des grands groupes internationaux, les négociateurs sont en train de préparer un traité de nivellement par le bas, avec toujours plus de pauvreté, des impacts sur l'alimentation, la santé, l'environnement, et la vie privée, un recul de la démocratie et un abandon de souveraineté des Etats, le tout au profit des multinationales. De surcroit, les révélations d'Edward Snowden sur l'espionnage des pays européens par les Etats-Unis, ont montré le cynisme de notre "allié transatlantique" et ne laissent pas présager un partenariat équilibré.

Il faut dès maintenant se mobiliser pour empêcher la mise en place de ce traité car après il sera trop tard pour revenir en arrière.

Le collectif national unitaire : STOP TAFTA propose une pétition en ligne :

Troublant article du philosophe André Vltchec

Être ou ne pas être Russe

Crises/guerres Histoire Russie Société
 
«Les chauvins et les xénophobes occidentaux se battent maintenant pour le contrôle de la planète, uniquement pour leur propre survie. Sauf à diviser la Russie, la Chine et l’Amérique latine, ils sont finis. Ils le savent! À moins qu’il n’arrivent à corrompre tout ce qui est pur et optimiste dans les nations qui résistent à leur régime monstrueux, leurs jours sont comptés.»
La confiance entre l’Occident et la Russie est morte. Elle a duré un certain temps, mais maintenant elle est cassée de manière irréversible. C’est une bonne chose, car quel genre de confiance pourrait-elle exister entre l’impérialisme fasciste et les forces qui luttent pour la liberté de l’humanité?
Il est vraiment facile de tromper le peuple russe. Il faut très peu pour gagner leur confiance ; parfois seulement un sourire aimable, quelques mots d’amour, quelques engagements et promesses sonnant sincèrement. Les Russes peuvent être facilement achetés avec la gentillesse. Ce sont des personnes vulnérables, très confiantes.
Approchés avec tendresse et sympathie, ils ouvrent bientôt leurs cœurs, ils partagent leur dernier morceau de pain avec l’affamé, offrent leur chemise à ceux qui ont froid.
Venez à un Russe avec un gage d’amour éternel, la dévotion de l’amitié, et vous avez toutes les chances de voir les portes ouvertes, et les défenses disparaître.
Peut-être qu’il, ou elle, vous dira un jour: «S’il vous plaît, ne me trahissez jamais, jamais.» Mais aucune garantie ne vous sera demandée, pas d’accords écrits, pas de contrats signés.
En raison de cette confiance et de cette ouverture, des millions, des dizaines de millions de Russes sont morts!
Les Russes ont tout donné au monde ; ils se sont battus pour l’humanité. Ils ont ouvert leurs cœurs et leurs portes. Ils ont nourri ceux qui étaient dans le besoin, souvent affamés.
À la fin, ils ont été trahis, encore et encore… Et encore!
Dans un monde veule, basé sur l’individualisme, les bénéfices et la servilité, il est facile, trop facile de trahir quelqu’un qui est gentil, quelqu’un qui donne. Les vrais tyrans sont rarement trahis, car la loyauté à leur égard est basée sur la peur, l’auto-préservation, ou l’intérêt mercantile. Dans le monde, lâche et corrompu, construit par l’Occident et par ses religions, la loyauté est assurée seulement par la terreur.
Malgré les trahisons horribles et la sauvagerie dirigées contre le peuple russe tout au long de son histoire, ils n’ont jamais vraiment appris la leçon, jamais atteint le point auquel est parvenu le cynisme occidental, et jamais maîtrisé l’art de sacrifier les autres pour leurs propres intérêts.
Tous les accords avec la Russie ont été bafoués, chaque fois que cela convenait aux envahisseurs. Les Scandinaves ont anéanti d’innombrables vies russes, et après eux les Allemands, les Français, les Polonais, les Britanniques, les Nord-Américains et les Tchèques, pour ne nommer que quelques-uns. Les Russes n’ont jamais vraiment puni quelqu’un à la manière protestante, anglo-saxonne. La punition est un concept pervers typiquement puritain; la mentalité russe est trop don quichotesque pour cela.
L’Occident a menti à Lénine, à Staline, à Khrouchtchev et enfin à Gorbatchev.
L’Occident a menti à Poutine, et au sujet de Poutine.
Trahie, la Russie a supporté une agonie inimaginable, par le feu et la dévastation, par le désespoir. Elle a enterré des millions de ses fils et filles. Peut-être qu’aucune autre nation sur terre n’a traversé une terreur d’une telle ampleur.
Puis, un jour, elle se mettrait soudain debout, lente et effrayante, montrant toute sa force, sa taille, sa détermination et sa force. Blessée et trompée, mais fière et extrêmement belle dans sa fureur sacrée, elle lèverait sa lourde épée, redresserait son buste, sécherait ses larmes, et marcherait directement vers l’ennemi.
La Russie se bat toujours à terrain découvert, honnêtement. Des rivières de sang sont déversées, principalement le sang du peuple russe.
Contrairement à l’Occident, la Russie n’utilise pas des tapis de bombes, des drones ou des armes nucléaires pour tuer des millions de civils, afin de s’assurer une victoire facile. Ce sont toujours des hommes contre d’autres hommes. Ce sont des dizaines de milliers de chars comme lors de la bataille de Koursk, ou des millions de soldats comme à Stalingrad.
Personne ne pouvait ou ne peut vaincre la Russie, parce que sa colère, comme son amour, sont grands et purs. La Russie n’a jamais vraiment perdu. Son cœur blessé était plein d’amour et de poésie même quand ses poings d’acier ont brisé les despotes, les usurpateurs et les meurtriers de masse. C’est parce que presque toutes les guerres que la Russie a du mener étaient des guerres justes – des guerres pour la survie de son peuple, mais aussi pour la survie de l’humanité entière.
Soixante-dix années depuis la grande victoire! 70 années depuis que le peuple soviétique a sauvé le monde en brisant le nazisme. 70 années qu’ils ont, presque immédiatement, rejoint encore un autre combat, contre l’impérialisme et le colonialisme occidental.
Vingt-trois ou peut-être 27 millions de personnes, principalement des Russes soviétiques, ont perdu leur vie pour défendre notre planète contre les hordes d’Hitler. Puis des centaines de millions d’autres ont consacré leur vie à bâtir un monde meilleur, et égalitaire.
Sans l’Union soviétique, sans le peuple russe, il n’y aurait pas de liberté, pas d’indépendance pour l’Asie, l’Afrique et les pays du Moyen-Orient. Il n’y aurait pas de révolutions possibles en Amérique latine.
Voilà pourquoi l’Occident déteste l’Union soviétique, et le peuple russe. Il a perdu ses colonies, il a perdu sa guerre de propagande, et il a perdu son monopole de dire la vérité sur tout sous le soleil.
Seuls des bigots pourraient répéter la plus toxique des propagandes mensongères occidentales comparant l’Allemagne nazie avec l’Union soviétique stalinienne. Mais je vais écrire beaucoup plus sur ce sujet dans un proche avenir. Le nazisme ne peut qu’être comparé à l’impérialisme européen et nord-américain, au colonialisme. Ils sont tous deux faits de la même étoffe, et l’Union soviétique a brisé, défait, à la fois les deux! La Russie brandit maintenant la vieille bannière soviétique.
Les chauvins et les xénophobes occidentaux se battent maintenant pour le contrôle de la planète, uniquement pour leur propre survie. Sauf à diviser la Russie, la Chine et l’Amérique latine, ils sont finis. Ils le savent! À moins qu’il n’arrivent à corrompre tout ce qui est pur et optimiste dans les nations qui résistent à leur régime monstrueux, leurs jours sont comptés.
Le 9 mai 1945, le monde entier a changé. L’humanité a commencé à aller de l’avant, à nouveau. Lentement, inégalement, faisant souvent de terribles bévues, et des détours, mais en avant quand même! Les chaînes coloniales ont commencé à se rompre. Les gens sur tous les continents rêvaient encore à la liberté, à l’égalité et à la fraternité des hommes. Ce beau drapeau rouge flottant sur le toit du Reichstag à Berlin a rendu ces rêves possible.
Les Soviétiques ont prouvé que la dignité humaine et la liberté valent tous les sacrifices. L’ode victorieuse a été écrite avec leur sang, de la manière la plus généreuse, de sorte qu’elle puisse inspirer et façonner les générations à venir !
Mais l’avidité et le nihilisme de l’Occident ont refusé de mourir. Leur obsession à contrôler et piller le monde a atteint un sommet inimaginable. Toutes les forces de l’Empire ont été mobilisées. La lumière et l’espoir ont été confrontés à l’obscurité et au cynisme. Les rêves ont été contrariés par la corruption. Dans une orgie de coups fourrés et de tromperies, l’Union soviétique a été détruite.
En un seul moment historique, les opprimés du monde ont perdu leur héraut le plus puissant.
Ce qui suivit fut une horreur complète. L’Empire a commencé à déstabiliser un pays après l’autre : en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et même dans l’ancien bloc de l’Est. Des millions de personnes sont mortes, exposées, sans protection, totalement abandonnées.
Les hordes fascistes pensaient que cette fois elles avaient gagné. A Moscou, Eltsine, alcoolique et laquais de l’Occident, a commencé à tirer sur son propre peuple dans la rue, et à bombarder son Parlement. Ce fut la démocratie immédiatement célébrée dans les journaux à Paris, Londres et New York. Ce fut le rêve accompli de l’Occident : une Russie faible, déstabilisée, à genoux, à la merci de l’Empire.
Je suis allé à Moscou et en Sibérie. Je voyais des scientifiques russes à Novossibirsk vendre leurs bibliothèques, par un froid glacial, dans les stations de métro. Je vis d’anciens vétérans de la guerre mendier en vendant leurs médailles. Je voyais les travailleurs russes affamés, leurs salaires impayés depuis des mois.
Puis quelque chose est arrivé. La Russie a refusé de rester à genoux. Elle détecte rapidement les mensonges venant de l’étranger ; elle a flairé le piège. Le peuple russe a compris : là où les invasions horribles ont échoué, les tromperies et les sales jeux de l’Empire fasciste ont réussi à le faire en quelques années terribles.
La Russie devait se relever ou mourir, comme souvent dans son histoire. Elle s’est relevée. Indignée et déterminée! Et comme toujours dans le passé, quand elle se leva pour affronter le mal, elle le fit pour son propre peuple, mais aussi pour l’humanité tout entière!
La Russie a rassemblé, au cours de la dernière décennie, sous le drapeau russe.
Ce n’est pas parfait ni socialiste comme beaucoup d’entre nous aimeraient que ce soit, mais il y a une grande inertie soviétique dans la politique étrangère de la Russie, car il y a une grande détermination pour améliorer le monde, et protéger les faibles.
Soixante-dix années depuis la Grande Victoire! Cette année, la Russie ne célèbre pas seulement un grand anniversaire, elle se réjouit de sa renaissance.
Je suis russe. Je suis né en Russie, et ma mère est à moitié russe et chinoise. Mais même ma part chinoise vient du Kazakhstan, à partir d’une ancienne république soviétique. Mon grand-père, Hussein, était un haut-commissaire, l’équivalent d’un ministre, un Chinois de souche, un linguiste, un homme qui est mort deux décennies avant ma naissance.
J’ai grandi en Tchécoslovaquie. Mon père, un scientifique, vient d’Europe. Depuis mon plus jeune âge j’ai vécu à New York, puis j’ai pris la route, et n’ai jamais cessé jusqu’à présent. Je suis un internationaliste. Mais au fond de moi, je suis russe.
Je ne sais pas si je suis admissible à être russe. Enfant, j’avais un passeport soviétique. Mes moments les plus heureux dans la vie étaient lorsque, enfant, ma mère m’accompagnait, chaque été, à l’aéroport de Prague, où un avion m’amenait à Leningrad. Ma grand-mère attendait à l’arrivée.
Ma grand-mère, Elena, n’était pas seulement une babouchka ordinaire. Elle était une combattante, une femme qui a lutté contre les nazis, qui a défendu sa ville bien-aimée, son Leningrad. Elle a creusé des tranchées, confronté les chars allemands, et a été décorée deux fois. Pourtant, elle était la femme la plus gentille que je connaisse dans ma vie. Elle m’a appris à aimer la poésie et la littérature. Elle m’a raconté des centaines d’histoires, certaines belles, d’autres effrayantes. Je la remercie, je suis devenu un écrivain, un écrivain russe, bien que je vous écrive mes fictions exclusivement en anglais et que la plupart de mes derniers films aient été réalisés en espagnol.
Presque toute ma famille russe est morte à Leningrad, pendant le siège, vingt ans avant ma naissance.
Chaque année, pendant les deux mois d’été, ma grand-mère m’a ridiculement gâté. C’est ce que je pensais. Maintenant, je comprends que, pour elle, c’était comme un combat culturel, une tentative d’injecter en moi tout ce qui était grand en Russie.
Elle a économisé pendant dix mois, et puis quand je suis venu lui rendre visite, elle m’a amené à l’opéra et au théâtre, dans les musées et les parcs environnant Leningrad. Elle cuisinait des plats délicieux pour moi. Elle m’a aussi emmené, au moins une fois par an, au cimetière à Piskarevskoyé, où l’énorme statue de la Mère Patrie écarte ses bras dans la douleur. «Personne n’est oublié et rien n’est oublié», les lettres d’or sont sculptées dans le granit. Un million et demi de morts pendant le siège de Leningrad, et beaucoup sont enterrés là, dans d’innombrables rangées de tombes de fosses communes.
J’ai grandi. Je suis devenu écrivain et cinéaste. J’ai fait le tour du globe. Mais partout où je suis allé, ces simples mots me suivaient, étaient gravés dans ma mémoire. Ma grand-mère était toujours avec moi, ainsi que la ville, le sacrifice, et la victoire!
Je ne sais pas si ça fait de moi objectivement un Russe. Mais je me sens et j’agis comme ça.
Être russe … A présent, russe est non seulement une nationalité ; c’est aussi un verbe, impératif. Cela signifie : se lever contre l’oppression, contre l’impérialisme occidental, pour construire des ponts entre les pays qui résistent à la terreur impérialiste occidentale.
Et il y a beaucoup de nouveaux Russes maintenant. Pas ceux de l’époque Eltsine, pas les caractères des bouffons capitalistes! Non, les nouveaux Russes dont je parle sont patriotes et internationalistes. Et certains d’entre eux n’ont souvent pas une seule goutte de sang russe. Mais ils sont fiers de défendre le monde, et ils unissent leurs forces avec la Russie, la Chine et l’Amérique latine dans leur lutte déterminée pour un monde meilleur.
Je connais plusieurs grands nouveaux Russes. Certains sont mes camarades, comme l’avocat canadien de renommée internationale, poète, romancier et penseur, Christopher Black. Comme Pierre Koenig, économiste suisse, qui a quitté la Banque mondiale avec un dégoût total, puis s’est retourné et a ouvertement attaqué l’établissement. Ou comme mon pote, Patrice Greanville, un New-Yorkais / Chilien / Argentin rédacteur en chef du légendaire Le Greanville Post.
Ces personnes travaillent sans relâche, brisant les mensonges que l’Empire répand partout dans le monde : les mensonges sur la Russie, sur l’Union soviétique, sur la Seconde Guerre mondiale, et sur l’impérialisme occidental.
Pendant des siècles, la Russie a été poignardée et trompée par des étrangers. Elle a été dupée, manipulée, violée.
De nombreux pays que la Russie a libérés l’ont trahie de la manière la plus vulgaire. Tchèques et Polonais ont profané les monuments à ses soldats – à ces garçons qui ont sacrifié leur vie pour Prague et Varsovie à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Europe de l’Est a ouvert ses portes à l’Otan et à l’Union européenne. Par égoïsme pragmatique, les gens ont abandonné leurs beaux idéaux, y compris l’internationalisme, et à la place ont rejoint les oppresseurs de l’humanité – l’Empire.
Plus ces pays se prostituent, plus ils sont belliqueux, prêts à brandir les slogans de la propagande occidentale, directement insultants et provocateurs, d’abord de l’Union soviétique, et maintenant de la Russie. Les laquais pitoyables, avares et collaborateurs de l’impérialisme occidental ont été, sans cesse et désespérément, à la recherche d’une justification morale à leur trahison. Ils ont défiguré l’histoire et les faits. Ils ont déclenché l’agression contre ceux qui ont défendu les parties du monde usurpées et dépouillées.
Récemment, l’Occident a déclenché le conflit en Ukraine, où il a aidé à renverser le gouvernement légitime de Kiev. Puis, immédiatement, il a commencé à alimenter des sentiments anti-russes hystériques. Mais plus la vérité sur la situation devenait évidente, plus on entendait en Europe, occidentale et orientale, le hurlement des voix du pacte anti-russe.
L’Ukraine, la Syrie et la Libye – tous ces conflits prouvent qu’il n’y a plus aucune logique. L’Occident veut détruire les pays qui se dressent sur son chemin vers le contrôle total mondial, et il va essayer d’atteindre ses objectifs, par tous les moyens. L’appareil de propagande est toujours prêt à justifier tout acte terroriste commis par l’Amérique du Nord ou l’Europe. Aucun des mécanismes juridiques internationaux n’est disponible pour protéger les victimes.
Seule une grande force peut empêcher la tragédie. La Russie est cette force. La Chine en est une autre. Voilà pourquoi l’Empire est terrifié par l’émergence de ces deux grandes nations.
Oui, cette fois, après tous ces siècles de douleur et de souffrance, la Russie n’est pas seule. Elle est debout,  grande, et elle peut enfin compter sur ses amis. Certains des plus grands esprits de la terre unissent leurs forces avec elle. Oubliez Europe de l’Est! Le pays le plus puissant de notre planète – la Chine – se répète encore et encore : «La Chine et la Russie sont les partenaires stratégiques les plus importants l’un pour l’autre.» Il est clair qu’ils ne permettront pas la destruction de cette alliance stratégique!
Toute l’Amérique latine est derrière la Russie, ainsi que des dizaines d’autres nations indépendantes et fières dans le monde entier.
Au Moyen-Orient et en Afrique, en Amérique du Sud et dans de nombreuses parties de l’Asie, la Russie est de plus en plus perçue comme une force morale considérable. La Russie est synonyme d’espoir. Pas pour ceux qui vivent en Amérique du Nord et en Europe, mais pour ceux qui, depuis des siècles, souffraient sous leur joug.
Chaque fois que je m’exprime publiquement, en Érythrée ou en Afrique du Sud, en Inde, en Chine, et même au Timor-Est, les gens veulent entendre parler de la Russie. Qu’est-ce que la Russie va faire ensuite pour prévenir les attaques contre la Syrie ou l’Iran, contre le Venezuela?
Je dis toujours: «La Russie est bel et bien vivante, comme ses amis, de la Chine au Venezuela et à Cuba!»
Je ne perds jamais espoir. Je le répète : je crois sincèrement que nous allons bientôt vaincre le colonialisme et le fascisme, et construire une belle société sur cette planète meurtrie mais merveilleuse. Et elle sera bâtie sur les idéaux que nous sommes en train de commémorer et de célébrer.
Merci au 70e anniversaire de la grande victoire! Merci de sauver le monde ! Félicitations au peuple Russe!
Et maintenant, je retrousse mes manches et je travaille, jour et nuit – pour Leningrad, pour ma grand-mère, pour la Russie et pour l’humanité.


Mes grands-parents révolutionnaires
Andre Vltchek – 10 mai 2015
Article original en anglais :  Born Red, To Be Russian.
Andre Vltchek est philosophe, romancier, cinéaste et journaliste d’investigation. Il a couvert les guerres et les conflits dans des dizaines de pays. Ses derniers livres sont: Exposer les mensonges de l’Empire et La lutte contre l’impérialisme occidental. Discussion avec Noam Chomsky : Le terrorisme occidental. Son roman, Le Point de non retour a été acclamé par la critique politique. Océania – un livre sur l’impérialisme occidental dans le Pacifique Sud. Son livre provocateur Indonésie – L’archipel de la peur. André fait des films pour teleSUR et Press TV. Après avoir vécu de nombreuses années en Amérique latine et en Océanie, Vltchek réside et travaille actuellement en Asie de l’Est et au Moyen-Orient.

La Real-Politic américaine plus que tordue



Origine de l'article du 13 mai 2015 : Russie Politics
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
J. Kerry et S. Lavrov
 
 
La visite éclaire, et pour le moins chaleureuse, de J. Kerry, secrétaire d'Etat américain à Sotchi, après l'ambiance délétère de la visite de A. Merkel, oblige à tirer quelques conclusions. Tout d'abord, ces deux visites consécutives sont à analyser à la lumière l'une de l'autre, éclairant tout autant la répartition des rôles à l'intérieur du clan euro-américain que la domination sans partage des Etats Unis sur l'Europe, domination clairement assumée en public. Ensuite, l'évolution du discours semble réorienter les centres d'intérêts à court et moyen terme de la politique américaine vers le Moyen Orient, laissant l'Ukraine plus dans l'ombre. Enfin, si la Russie sait parfaitement réagir et se redresser lorsqu'il y a péril, généralement elle commet des fautes lorsque la situation se détend. Autrement dit, combien pourrait coûter à la Russie le changement (temporaire) d'humeur des Etats Unis, sachant que le Président est sortant.


L'affirmation sans complexe de la domination américaine

Autant la visite de la chancelière A. Merkel s'est mal passée, le ton était dur, l'annexion de la Crimée, le danger pour l'équilibre géopolitique, autant les rapports sont amicaux avec J. Kerry. Autrement dit, les européens ont eu le rôle du méchant qui doit tenir une position de principe inflexible, les Etats Unis peuvent eux se permettre plus de souplesse, de la real politik, permettant la défense de leurs intérêts nationaux. C'est l'avantage du chef, la souplesse. Les autres exécutent.

Et cette attitude est visible au sujet des sanctions américaines et européennes contre la Russie, adoptées par les Etats Unis et l'UE. Tout d'abord, J. Kerry se permet d'annoncer au nom des Etats Unis et de l'UE la possibilité réelle d'annuler prochainement certaines sanctions et à terme et sous certaines conditions les autres sanctions. Reste à déterminer lesquelles.  Le ministre russe des affaires étrangères, S. Lavrov, n'a pas voulu entrer dans la négociation de marchand de tapis : ce n'est pas la Russie qui a adopté ces sanctions, ce n'est pas à elle de déterminer leur mécanisme d'annulation. 

Intéressant, car en général, J. Kerry évite de parler aussi directement au nom de l'UE. Donc, officiellement, ce sont les Etats Unis qui décident de ce qui doit être ou pas. Et cela est affirmé à la face du monde. Et ce revirement de position est intéressant, car manifestement l'UE n'a pas été mise au courant. Tout d'abord, parce que J. Kerry ne lie plus les sanctions à la Crimée, comme l'affirmait encore J. Psaky,  porte-parole du Département d'Etat, à la mi-mars. 

Et l'UE avait bien docilement suivi la voie américaine, le comité des affaires étrangères du Parlement européen ayant prévu un projet de renforcement des sanctions contre la Russie, qui doit être adopté en juin. Ce projet indiquant "l'annexion de la Crimée" comme un des fondements, l'autre étant "l'agression russe" en Ukraine. Donc pour favoriser la paix, les députés européens prévoient de discuter de la question de l'aide militaire de l'Ukraine. Concrètement, l'UE a un train de retard. C'est souvent le problème lorsque l'on ne peut souverainement décider de sa politique. Et l'UE n'étant souveraine à aucun point de vue, ne peut être dépendante que, dans le meilleur des cas, des choix politiques des Etats qui la composent, soit, en cas de défaillance de ceux-ci (ce qui est le cas), d'une force extérieure dominante. Et en l’occurrence, les Etats Unis lancent un signal de recul sur le dossier ukrainien.

Encore un petit détail. Si le dossier ukrainien continue sur cette voie, le refus de la France de livrer les Mistrals va sembler de plus en plus ridicule. Il faut dire que les Etats Unis avaient mis le paquet pour calmer l'esprit présidentiel, surchauffé par la défense de l'intérêt national. Du coup, en contre partie, la société à St Nazaire qui construit les Mistrals a reçu une commande de la part des Etats Unis pour des bâtiments civils d'un montant supérieur à celui de la commande des Mistrals. Comme le note l'analyste russe P. Shipilin, les Etats Unis ont ainsi su récompenser leurs partenaires français, et par là même calmer l’ego national.

Négociation de l'Ukraine contre le Moyen Orient

Quelques signes ne trompent pas. Tout d'abord, alors que l'Ukraine était officiellement à l'ordre du jour et que la célèbre dame aux petits pains, V. Nulland (qui avait distribué des petits pains aux manifestants et mis de force dans les mains des policiers sur la place Maïdan), responsable du dossier ukrainien pour le Département d'Etat, accompagnait J. Kerry, celle-ci est restée à la porte des négociations. Physiquement. Elle n'a pas été autorisée / invitée à y prendre part. Ce qui, de l'avis des journalistes présents, l'a faite bouillir de rage. Elle qui défend une position radicale sur le dossier ukrainien était inquiète de la tournure des évènements.

Ensuite, ces jours-ci, P. Poroshenko a annoncé à la presse ukrainienne que l'armée ukrainienne reprendrait rapidement l'aéroport de Donetsk, qui avait été abandonné après de longs combats. Malgré le cessez-le-feu, des coups de feu étaient toujours tirés dans la zone, mais aucune grosse offensive n'était lancée contre l'aéroport. J. Kerry, lorsque son opinion lui a été demandée, a clairement répondu: 
"Je conseillerais à l'Ukraine de bien réfléchir avant de prendre de telles décisions". 
Il semblerait que le Président ukrainien n'ait pas bien compris les paroles de Kerry, l'attaque de l'aéroport s'étant intensifiée aujourd'hui.

En revanche, le sujet qui inquiète largement le Pentagone aujourd'hui est le Moyen Orient. Les relations des Etats Unis avec les pays clés dans la région ne sont pas simple, ils reconnaissent avoir commis des erreurs stratégiques, et ont besoin d'aide notamment sur le dossier syrien. Et cette aide doit venir de la Russie. Alors, finalement, l'enlisement de l'Ukraine peut attendre.

C'est surtout ce point qui a justifié la visite éclaire et constructive du secrétaire d'Etat américain, la veille de l'ouverture du sommet de l'OTAN en Turquie. Et c'est cet enjeu pour la politique américaine qui a déterminé le ton de la discussion, ton que S. Lavrov a qualifié de miraculeux. 

Les enjeux pour la Russie

A ce jeu de menteurs, l'intérêt de la Russie n'est pas négligeable, mais la pente est glissante. Les Etats Unis, comme le souligne un analyste russe, El Murid, ont pour habitude d'utiliser tous les moyens pouvant contribuer à la réalisation de leur but et ne sont jamais enclin au compromis. Autrement dit, l'intérêt aujourd'hui de la politique américaine oblige à faire alliance avec la Russie pour désamorcer la situation au Proche Orient, car la Russie, justement, y a une bonne réputation. Mais une fois l'affaire réglée, quelle sera l'orientation de la politique américaine? L'Ukraine restera toujours un point faible tant que l'état de droit n'aura pas été restauré et affirmer que, sans la Crimée, son entrée dans l'OTAN ne poserait pas de problèmes de sécurité à la Russie doit être analysé à deux fois.

Car quelles seraient les garanties apportées à la Russie? Une reconnaissance par les Etats Unis de la Crimée? On peut sérieusement en douter. La promesse que la Russie ne sera plus inquiétée sur ce dossier? Et que vaut cette promesse faite par un Gouvernement très rapidement sortant? L'histoire a montré que les promesses faites par les Etats Unis ne valent pas cher, car elles tiennent le temps nécessaire à l'intérêt du pays.

Par ailleurs, l'annulation des sanctions prises par les Etats Unis et l'UE contre la Russie va obliger la Russie à remettre en cause également ses sanctions. Or, cela revient à réouvrir totalement le marché, qui est aujourd’hui protégé. Les petites entreprises russes qui commencent à se développer et à tisser un véritable maillage économique ne vont, pour la majorité (et comme elles l'affirment elles-mêmes) pas pouvoir survivre, car elles ne sont pas encore concurrentielles en milieu ouvert et n'auront pas le temps de le devenir. Autre question qui se pose, celle de la ténacité politique du Gouvernement. Avec l'entrée en vigueur des sanctions, une forte politique de stimulation économique nationale est mise en oeuvre, sera-t-elle poursuivie en cas même de simple allègement? On peut en douter.

Bref, la Russie a, théoriquement, à y gagner la reconnaissance de la Crimée, l'annulation des sanctions, la normalisation des relations internationales. Elle a à y perdre son redressement économique, sa position et son image au Moyen Orient, le Donbass, la neutralité de l'Ukraine. Ce qui est moins théorique. 

En guise de conclusion, la venue de J. Kerry est à prendre avec des pincettes. Le fait même de sa venue, après 6 ou 7 annulations de dernière minute cette année, est en soi un signe de la réorientation de la politique américaine. Mais cela n'indique pas en quoi ce changement est profond et pérenne. Cela n'indique pas que ce changement soit réellement et également dans l'intérêt de la Russie. C'est pourquoi le cadeau peut-être empoisonné. 



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La loi Renseignement sera contournée


 













Les avis ci-dessous sont rédigés à titre personnel et ne sauraient engager ceux du groupe CCM Benchmark que je dirige (NDLA: société éditrice des sites Journaldunet, CommentCaMarche, Linternaute, etc.). 

 Le Projet de loi relatif au Renseignement impose aux hébergeurs et FAI d'installer un dispositif de surveillance de leurs communications, désigné sous le terme générique "boîte noire", pour recueiller les informations et documents "relatifs à des personnes préalablement identifiées comme présentant une menace". Selon un article du JournalDuNet daté du 30 avril 2015, se référant à l'article 6 de la LCEN, le terme "hébergeur" désigne l'intermédiaire technique qui met à la disposition des tiers les outils permettant de communiquer des informations en ligne. Il peut donc désigner des éditeurs dès lors qu'ils mettent à disposition des espaces de publication "participatifs", édités par les internautes (forums, réseaux sociaux, espaces de commentaires, chronique ou tribune telle que celle-ci, etc.).

Jusqu'à ce jour, lorsque des échanges entre individus ont lieu sur un espace de publication hébergé en France, la justice peut à tout moment demander à l'éditeur, sur simple réquisition judiciaire, de lui fournir les données de connexion de l'utilisateur (adresse IP et horodatage) afin de demander l'identification de l'individu auprès de son fournisseur d'accès. Dans la pratique, cela se pratique parfois sans réquisition dans des cas de force majeure, en infraction avec la loi. A partir du moment où il est de notoriété publique que les sites hébergés en France sont équipés d'une boîte noire, il faudrait être un terroriste idiot pour utiliser un espace de discussion hébergé dans un pays ayant installé de tels dispositifs, alors même qu'il existe un grand nombre de services similaires dans des pays n'en ayant pas déployé. Ainsi, l'information qui était jusqu'ici la plupart du temps accessible risque de devenir petit à petit inaccessible aux services de renseignement.
Il restera malgré tout une trace de la connexion chez le FAI me direz-vous ? A partir du moment où des personnes ayant des choses à se reprocher auront besoin de communiquer, pensez-vous qu'ils le feront à découvert ? Evidemment non, il est à la portée de tout le monde d'ouvrir un tunnel crypté vers une connexion située à l'étranger. Toute communication chiffrée (y compris légalement) est dès lors suspecte, ce qui signifie qu'il sera nécessaire de mettre en oeuvre des moyens pour décrypter toutes les communications chiffrées afin d'en vérifier le contenu. Les moyens de cryptologie utilisables en France sont certes soumis à une réglementation spécifique, encore faut-il qu'elle soit respectée et on imagine mal des terroristes appliquer à la lettre la réglementation française...
Ainsi, en mettant en place un tel niveau de contrôle des communications, le risque est de faire monter le niveau de sophistication des échanges entre terroristes. Pour peu que la loi soit votée, on peut compter sur le gouvernement pour médiatiser rapidement quelques prises afin d'illustrer la pertinence de la loi. Il est toutefois évident, à terme, que les premières mesures des organisations terroristes consisteront à former leurs membres aux techniques de chiffrement, afin de devenir invisibles sur la toile, alors même que la formation des agents de la force publique prendra des années. L'agilité joue là encore en la faveur des extrémistes. 
Il est vrai que l'on ne peut pas rester inactifs face à la menace terroriste, mais une solution clé-en-main basée uniquement sur le numérique et votée en urgence est-elle la meilleure solution ? Certes le projet de Loi permet de mieux encadrer des pratiques qui existaient déjà sans support légal, mais cette Loi risque bien de rendre ces pratiques plus difficiles à mettre en oeuvre, voire caduques. Enfin, sur le fond, la réaction du public suite à l'affaire Charlie Hebdo était sur le thème "Nous n'avons pas peur, nous continuerons à être libre". Avec ce projet de loi, le message me semble plutôt être "Nous avons peur, mais nous sommes prêts à être moins libres pour y remédier, quitte à ce que cela ne serve à rien".